L'Oeil du Nord
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 Alice Weaver, Tisserande [terminé]

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Cendres

Cendres

RANG : Loin, si loin, et pourtant proche.
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Alice Weaver, Tisserande [terminé] Vide
MessageSujet: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeJeu 22 Avr - 16:52

Nom : Weaver

Prénom: Alice

Age: Normalement 30 ans, les avis divergent cependant. Tisserande aurait d'ailleurs au moins 70 ans de l'avis général, malgré qu'elle soit en forme.

Race : Mort-Vivant, camp Vyrkä

Surnom : Tisserande

Réputation :
- Sous son nom complet : L'histoire de sa disparition et de son retour a fait son chemin. Elle est reconnue où qu'elle aille. Ses yeux rougeoyants font dire d'elle qu'elle serait valkyrie... ou plus tout à fait vivante. Ou bien les deux. Elle est respectée, parfois crainte. Souvent admirée pour ses exploits au combat, certains la soupçonne quand même d'être de mèche avec les morts-vivants.

- Sous son surnom "Tisserande" : C'est une errante, elle va et vient entre les lieux, elle s'est construit une histoire, une existence tranquille, sans traces d'un héritage divin qu'elle ne parviendrait pas à prouver ou assumer. Elle sait tatouer, et a un talent particulier pour les peintures qu'arborent hommes, et surtout femmes. Elle ne montre jamais vraiment son visage, de peur qu'on la reconnaisse.

Physique :
- Quand elle "s'assume" et s'avance à visage découvert, vous verrez en général ceci :
Plus grande que la plupart des femmes que vous avez croisés, elle vous semble presque plus impressionnante que certains hommes. Elle n'est pas belle. Pas au sens premier du terme. Ses cheveux sont d'un blond tirant sur le blanc. Des dizaines de tresses, juste assez longues pour être attachées à l'arrière du crâne, couvrant la nuque. Elle a le front haut et souverain, les pommettes prononcées, rougies par le froid. Ses traits ont du être fins et gracieux. Ils sont rudes maintenant, vieillis par des épreuves multiples, par le froid, la solitude, durcis à un âge où certaines songent à peine à se marier.

Vous ne pouvez vous empêcher de vous attarder sur ses yeux. Ils sont rouges de sang et brillent d'un éclat malsain. On dit d'elle qu'elle avait les yeux verts, un vert doux, une couleur d'espoir, une note de repos dans un monde de guerre et d'épreuves. Elle capte votre regard, sourit. Vous savez maintenant, les rumeurs disent vrai. Elle a des dents qui semblent des crocs. Votre regard s'attarde immanquablement sur les tatouages sur sa joue droite. Des volutes et des arabesques qui n'ont de sens que pour elle, ou peut-être même pas... Elle se détourne de vous, continue sa route. Une rafale de vent soulève et écarte sa cape de fourrure, vous pouvez alors voir son armure.

Sombre, vous la distinguez avec peine des tatouages et peintures qu'elle porte. A l'évidence forgée dans Vyrkä, travaillée, ouvragée, mais extraordinairement simple, elle semble fait à la mesure de sa porteuse, ce qui est peut-être le cas. Elle est polie, entretenue avec soin. Si un impression devait s'en dégager, ce serait celle des ces choses qu'on a, qu'on aurait pas forcément voulues, mais qu'on aime et dont on prend un grand soin, parce qu'elles font partie de nous. Cette armure couvre la totalité du corps, sauf le bras gauche, qui est entièrement tatoué, et elle laisse voir les vêtements de cuir et de tissu qui sont portés en dessous. Un bel ouvrage assurément, alliage de force et d'harmonie, crée pour permettre à son porteur de répandre le chaos. Paradoxe des choses, du monde, de l'être qui porte l'objet... La cape retombe.

Dans son dos un bouclier rond, plutôt grand, le manche d'une épée, travaillé, qui dépasse encore de la cape, une vouge dans une main, un casque sous le bras gauche. Pas un casque à corne, traditionnel de son peuple. Non. Un casque, dans le même style que l'armure. La visière relevée finit par tomber, montrant ce qu'est le casque : une forteresse protectrice, conçue pour une seule personne, qui seule pourra s'y sentir bien et la porter sans gêne. Oui. Un grand travail, un beau travail.

Elle passe devant vous sans plus vous porter d'attention, elle continue sa marche vers le champ de bataille. Elle n'est pas venue pour discuter, elle est venue pour tuer. C'est, à ce qu'on dit, tout ce qu'elle sait faire. Chacun est libre de ses pensées, mais le fait reste là, elle est une guerrière, et elle le montre.


- Quand elle est Tisserande :

Une discrète silhouette s'avance dans la rue principale d'un petit village. C'est Tisserande, elle raconte des histoires, elle peint, elle tatoue. A moitié folle, on ne sait pas vraiment qui elle est. Mais elle est tranquille, elle sait se battre, comme elle l'a montré une fois, mais elle ne fait pas d'histoire. Comme elle le dit si bien :

"Les plus belles histoires sont celles des autres, on les entend, on les racontes, puis on s'en inspire, on vie les nôtres, à notre échelle, ou alors on se contente de rêver, une douce existence, une sage existence en vérité.

Vous la regardez cheminer un peu dans la neige, puis vous en détournez. Elle n'a jamais été grande guerrière à l'entendre. Une personne sympathique donc, mais pas vraiment intéressante, en dehors des veillées bien sûr !


Caractère : Fanatique, compulsive, impulsive. Quand elle ne se surveille pas, elle est une folle dangereuse. Elle a horreur de perdre le contrôle, pourtant parfois elle le fait. Sur le champ de bataille ou ailleurs, quand elle le doit. Elle a un sens du devoir exacerbé par son éducation, par son passé. Trois choses importent réellement pour elle : son honneur, sa liberté, son peuple. Si vous représentez un danger potentiel pour l'un des trois. Il est conseillé de le cacher, ou de montrer que jamais vous n'y porterez atteinte. Dans le cas contraire vous êtes déjà mort. Vous n'êtes simplement pas encore au courant, mais ça ne saurait tarder. En comparaison, Tisserande est calme, de bon conseil, toujours agréable. Juste un peu folle en fait. D'ailleurs, si vous connaissiez les deux faces d'Alice, et le lien entre elles, vous comprendrez peut-être son dernier trait de personnalité.

Certaines personnes son schizophrènes, Alice ne l'est pas. Pas exactement... Un schizophrène n'a que deux personnalités. On a jamais vraiment pu dénombrer celles que possède Alice. Vous rencontrerez certainement Alice, Tisserande et Philosophe. Peut-être douce si vous avez de la chance.

Histoire :

Voir posts suivants

Armes et style de combat : Une vouge et un grand bouclier rond. Une épée à deux mains. Elle se bat façon hoplite. Puis elle sort son épée et laisse s'exprimer toute sa rage.

Familier :Alice est accompagnée partout d'un tigre immense, un des prédateurs les plus redouté de Frözen. Il est avec elle docile comme un chat domestique. Souvent elle va au combat monté dessus, il porte alors une armure forgée pour lui. D'ailleurs on dit que même quand il va chasser il la porte, sans fatigue, comme une seconde peau...

Tisserande va seule, toujours.

~~~~~~~~~~~

Et maintenant, où en est votre personnage ? Tisserande va de lieu en lieu, discrète Viking un peu folle. Conteuse et tatoueuse. Parfois Alice fait une apparition, sur le champ de bataille en général. Elle est sœur d'Erika, liée par le sang. Conformément à sa propre volonté elle est discrète et ne se montre en général pas beaucoup. Elle voue un respect immense à Varesh et aime profondément son peuple.

Avez-vous lu les règles ?
Validé par la gwande chef

Comment avez-vous connu le forum ?
Top Site

Un petit truc à dire ? Malgré que je joue un personnage féminin, je suis un homme. Ce qui ne signifie pas que je sois un pervers ou je ne sais quoi. On me l'a déjà faite, ça marche pas =P Chuis quelqu'un de normal, mais j'ai du mal à jouer des persos masculins, c'tout. (Non ça ne vient pas de mes orientations sexuelles, "classiques" au demeurant, on me l'a déjà faite aussi, ça marche pas plus).


Dernière édition par Alice Weaver le Dim 2 Mai - 19:24, édité 6 fois
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Alice Weaver, Tisserande [terminé] Vide
MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeLun 26 Avr - 20:33

C'est dans Vyrkä que naquit Alice, fille d'un forgeron et d'une peintre.

Son art, il l'exerçait à la forge, rivalisant avec ses amis pour créer les meilleures armes et les plus belles armures possibles. Son art, elle l'exerçait en général sur les autres femmes, peignant leur corps, ou les tatouant parfois, quand elles le demandaient. Tous deux étaient des vikings, fiers de leur sang, fiers de leurs seigneurs, fiers de la société dans laquelle ils vivaient, tous en harmonie, un peuple, un sang, celui des guerriers du Nord.

La femme tomba enceinte, elle était prête à donner cette nouvelle vie, pour le clan et sa famille. Sa grossesse se passa sans heurts, on prépara l'accouchement, l'arrivée de l'enfant. Il aurait aimé un fils, à qui il pourrait apprendre son art, elle une fille, à qui elle pourrait apprendre son art. Tous deux furent comblés, des jumeaux un garçon et une fille. Alice et Aloon, deux beaux enfant, bénis par Odin. Cheveux clairs, œil vif, ils grandirent, sous la vigilance et l’enseignement de leurs parents. Androgynes, ils s'entraînaient ensemble aux armes. Ils ont grandis ensemble, vécu ensemble, jumeaux, liés par le sang et l'esprit.

Ils s’entrainèrent pour devenir guerriers, telle était leur place sous le Ciel, ils passèrent ensemble les épreuves de la fin de l’enfance, unis pour la plus grande gloire de leur race. Leur combat dans la fosse aux lions fut un spectacle qui dura quelques heures. Chacun semblait anticiper les mouvements de l'autre, les esquives, les coups, les parades. Cela devint une chorégraphie, sang et mort, ballet sans fin de mouvements, de frôlements, de frappes et de coups parés et aussitôt renvoyés. Techniques, méthodes, et précision mortelle, ballet de sang et de mort, dans frénétique des guerriers. Mais plus le combat durait, plus la fatigue se reflétait dans leurs traits, la sueur coulait dans leurs yeux, les attaques se faisaient moins précises et fulgurantes…Soudain, quelque chose se passa…

Alice accéléra son rythme, prise d’une nouvelle vigueur, alors que son frère semblait à bout. Elle n'y voyait plus clair, seule l'habitait la rage de vaincre. Leurs armes étaient à terre depuis longtemps, ils se battaient seulement avec leurs corps, poings contre pieds, acharnés. Elle faucha les jambes de son frère, le balaya sans qu’il n’y puisse rien faire. A peine relevé il tenta une riposte, armant ses dernière forces, mais elle évita sans mal le poing malhabile, et elle se servit de son élan pour l’envoyer bouler par-dessus elle, il s’effondra sur le sable de l'arène. Rugissant elle bondit sur lui et le cloua au sol du regard, un regard rouge sang. Acclamée, elle revient à la réalité. Elle se secoue, semble se réveiller d'un sommeil profond, torpeur de glace et de sang. Son regard semble ahuri par la situation, cherchant à savoir ce qu’il s’est passé. Puis elle se rend compte de ce que cela peut signifier. La peur, un instant, l'affolement devant la perte de contrôle. La nécessité de se raccrocher à quelque chose qui soit tangible, réel, connu. Le mouvement de recul de son frère, la perte du lien. Comme lâchée dans un puits sans fond elle sombre, tombe, s'évanouit.



Ce n'est que quelques jours plus tard qu'elle reprendra l'entraînement. Quelque chose lui manque, au plus profond de son être. Elle comprend. Son frère est perdu, même âme séparée en deux. Quelque chose l'a coupée de son jumeau. Il a gardé tout ce qu'il savait. Elle se sent perdue une arme à la main. Seule la rage la guide avec efficacité. Elle la craint, elle a peur de tuer un ami, un proche, son frère. Cependant elle comprend qu'elle devra la maîtriser si elle veut pouvoir continuer à avancer. Elle apprend à se contrôler, par un effort de technique et de courage, elle maîtrise la rage et l’envie de sang qui coule désormais dans ses veines. Elle finit par se faire une réputation digne de certains des plus grands guerriers vikings. Cependant elle s'efforce déjà de cacher ce qu’elle est. L'horreur de voir une foule l'exalter pour répandre le sang des autres la tenaille, pourquoi ils se complaisent dans le sang et la mort, et pourquoi cette bête terrible qui est en elle en réclame toujours plus, n’est jamais satisfaite malgré ses efforts pour l’épuiser…

Alors elle s'entraîne, encore, encore, et encore, jusqu'à maîtriser chaque mouvement, chaque instant de chaque enchaînement, maîtresse de la vie et de la mort, du souffle, du moment ultime pour le guerrier, qui décide de l’issu du combat. L’enseignement de sa mère l'aide aussi beaucoup. Elle devient rapidement une virtuose dans l'art de peindre et tatouer. Elle est son sujet préféré, couvrant assez rapidement la quasi totalité de son corps de tatouages. Malgré ses précautions, elle devint vite reconnue un peu partout. Sa tenue était toujours la même. Une vielle armure de métal et de cuir, laissant son bras gauche découvert, tatoué. Son visage peint de couleurs et de formes différant souvent d'une semaine sur l'autre. Elle se fit un nom. Un nom qu'elle hait et voulait faire oublier.

Un jour, elle fit morde la poussière à un inconnu qui l'avait défiée dans la rue. Elle l'avait senti venir. Lui, ses amis, et la silhouette encapuchonnée derrière eux. Elle sentait qu'ils étaient venus, dans ce trou perdu, pour elle. Sortant de l’auberge, ils s’affrontèrent. La lutte était l’art rituel du combat, et fut, comme la coutume l’exige, la discipline pour mener à bien ce duel. Alice était grande pour une femme, mais son adversaire l’était encore plus. Il comptait cependant trop sur sa force brute et Alice se contentait de se servir de la même méthode que contre tout ceux dans son genre. Elle profita d’une de ses charges qui feraient plier un taureau, et elle l’envoya bouler loin d’elle, étourdit dans la neige. Il se releva, encore un peu sonné, il remit sa mâchoire en place et chargea la jeune femme. Même traitement, retour au point de départ. Il tenta de se redresser à nouveau, mais une poigne de fer vint lui replonger la tête dans la neige, avant de la remonter. Il vit alors les yeux de la guerrière. Elle lâcha sa longue chevelure et il ne chercha plus à se relever. Il se contenta de mettre un genou à terre et alors, il s’inclina, reconnaissant sa défaite face à la bête fauve qui couvait dans le sein d’Alice.

Alice sentit alors qu'elle avait fait une erreur. La personne sous la cape sembla changer d'attitude, passant d'une placide attention à une sorte de frustration. Elle venait de froisser quelqu'un, et certainement pas n'importe qui finalement, puisque la bande de gros bras semblait à son service. La silhouette encapuchonnée s’avança vers elle, s’arrêta et la toisa


Suis-nous, ta famille sera prévenue que je t’ai fait amenée à moi. Ce soir tu te repose, demain on s'affronte. Un de mes gardes personnels vient de s'agenouiller devant toi. On va voir si tu vaux cette « attention »... , dit elle à Alice, une pointe d’amusement dans la voix


Alice suivit celle qu'elle devinait être Erika Kerikka, nulle autre que la fille de leur actuel dirigeant. Ainsi le rejeton de leur guide avait entendu parler d'elle. C'était pire qu'elle ne le pensait. Sa renommée avait dépassé tout contrôle, elle se sentait mal. Elle ne fit cependant pas d'histoires et suivit la silhouette. Elle sentit alors une main sur son épaule, elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir que c'était son frère. Il l'accompagnait, solidaire malgré leurs différents récents. Elle posa sa main sur la sienne, pour le remercier. Elle vit l'homme qu'elle avait vaincu prendre le chemin de sa maison. Ses parents allaient avoir une sacrée surprise en sachant leur fille convoquée par la "princesse". Leur petit groupe arriva au Hall des Armes, siège du pouvoir viking. On les fit entrer sans poser de questions, ce qui confirmait ce que pensait Alice de leur guide. Elle s'avança donc dans les couloirs de la forteresse, derrière la fille du champion Varesh, qui avait retiré sa capuche dès son entrée dans la citadelle. Ils étaient escortés par les gardes d'Erika, pots de colles notoires qu'elle acceptait uniquement parce que c'est une des rares choses sur lesquels son père s'était montré intraitable et avait refusé l’envie de solitude de sa fille, ayant même invoqué la mémoire de sa défunte mère.

Ils furent conduits vers la chambre royale, la suite du champion. On les fit attendre un instant, puis un serviteur les fit entrer. Tous, dans le "palais", dévisageaient Alice, qui se sentait mal à l’aise. Elle savait qu'elle avait acquit une certaine renommée aux armes, part son style de combat, ses habitudes, ses victoires répétées. Depuis qu'elle avait gagné dans la fosse aux lions, nul n'avait pu la vaincre, sinon son frère, une fois, il y a presque un an de cela pendant qu'elle apprenait à contrôler ses démons. Un prestige qui la faisait reconnaître partout dans la cité, et même au-delà. Un prestige dont elle se serait bien passé. Le champion accueillit sa fille et ses "invités" cordialement. C'était un homme bon et simple dans ses habitudes de vie. Il n'y avait nulle expression d'envie ou de crainte dans ses yeux. Quand sa fille raconta sa victoire sur le garde, et l'attitude de ce dernier à l'égard de la jeune femme, ce fut plutôt une lueur d'amusement et de respect qui vint éclairer ses prunelles. Il sembla réfléchir un instant puis il se leva et s'approcha des deux jeunes femmes.


Ainsi, tu as vaincu Björn ? , commença le champion
Oui, il semble oui.
Et ça te fait quoi ?
enchaîna Erika
Rien.
Rien ?!
Oui, rien. Il m'a défié, certainement parce que tu l'as ordonné. Je l'ai vaincu. Fin de l'histoire.


Alors que sa fille semblait être sidérée par une telle attitude, Varesh s'autorisa un sourire. Il fit signe à un homme qui se tenait en retrait d'approcher. Celui-ci répondit immédiatement à l’ordre.

Leiv, qu'en penses-tu ?
J'aimerai la voir à l'œuvre contre un adversaire plus fort que Björn, ta fille par exemple, qui doit brûler de l'affronter.
Je suis assez d'accord... Erika ?
Tu sais qu'elle n'a aucune chance
, répondit l'intéressée
Cela n’est pas dit, répondit Leiv, énigmatique.


*
**
***
**
*


[i]Alice fut logée au Hall ce soir là, à la demande de Varesh, alors que son frère rentrait prévenir et rassurer ses parents.. Elle put visiter la forteresse tout entière, le dénommé Björn lui servant de guide. Elle connaissait déjà l'armurerie royale, où son père avait travaillé un temps, avant de s'installer à son compte dans la cité, et de devenir un artiste plus qu'autre chose, s'adonnant à sa passion. Elle avait été bercée par le murmure des forges et des marteaux. Elle aida spontanément un forgeron qui semblait avoir un peu de mal à tenir correctement sa pièce de métal. Elle avait laissé son armure dans les appartements qu'on lui avait alloués. Elle ne portait donc plus que sa tunique, une paire de braies et ses bottes de cuir de daim. Elle resta là un instant à aider le forgeron à marteler sa pièce, se laissant guider par la voix du maître armurier. Quand ils sortirent des forges, elle sentit dans son dos le regard des forgerons, et la fierté de Björn qui la guidait, une autre chose qu’elle qu'elle ne comprenait pas vraiment.

Ils passèrent devant l'entrée des prisons, puis du conseil de guerre. Deux lieux qu’elle connaissait un peu, sans y être jamais vraiment allée. L'un parce qu'il est assez mauvais d’y séjourner, l'autre parce qu'il est totalement impossible d’y pénétrer sans autorisation. Les derniers entraînements se finissaient dans la cour de la formation militaire quand ils y passèrent. On proposa à Alice de faire une démonstration. Elle commença par décliner poliment. Elle s'était déjà donnée en spectacle ce jour là, elle ne ressentait pas le besoin de le refaire. C'est alors qu'un des jeunes gens qui se trouvait là insinua qu'elle n'était pas si forte qu’on le disait, et qu'elle n'avait peut-être aucune once de talents réels. Il remit en doute tout ce qu'on lui connaissait d'exploits et de tours de force. Alors que Björn semblait prêt à faire taire l'impudent, Alice l'arrêta en posant sa main sur l'épaule du colosse.


Laisse, je vais m'en occuper.
Mais, ma Dame...
Je ne suis pas Dame, je ne suis que moi. Mais j'ai un honneur.
Puis elle reprit, se tournant vers jeune homme. Si j'ai si peu de talent que tu le dis, tu devrais pouvoir me vaincre sans mal, non ?
Encore heureux !
Alors mets-toi en garde.
Ma Dame...
commença Björn
Laisse Le maître d'armes de la cour était intervenu. Il semblait intéressé et amusé par le spectacle.

Un cercle se forma autour des deux combattants. Alice commençait à voir rouge, libérer la bête qu’elle contrôlait parfaitement. Mais les paroles du petit imbécile l’avaient mise dans une sombre colère, et elle allait devoir faire un gros effort pour ne pas le tuer sur place . Elle attrapa un bâton qu'on lui tendait, alors que son adversaire s'armait de même. Elle entra alors dans une sorte de transe. Le jeune homme lui parut soudain très lent, gauche, grossier dans tous ses gestes. Son univers était tinté de rouge, un rouge sombre, carmin, rouge sang. Elle sentit qu'il n'était pas tranquille. Quelque chose venait de survenir chez elle qui la dérangeait. Elle commença alors à se mouvoir. Tenant son arme par le milieu, elle feinta à la tête. Il leva son arme pour parer mais déjà l'autre côté du bâton le touchait au flanc, sous sa garde. Rapide, une lame l'aurait éventré. Il tenta une riposte mais son adversaire n'était déjà plus à portée. Elle passa dans son dos sans qu'il comprenne trop comment, sentit le choc dans les omoplates. Il se jeta au sol et roula en avant, alors qu'il tentait de se relever il s'écrasa lourdement, les jambes fauchées. Quand il se retourna sur le dos, il sentit le bois de l'arme de son adversaire posé sur sa gorge. Le regard de la jeune femme était rouge sang. Il ouvrit de grands yeux et resta bouché bée.

Enfin elle recula et il put se relever. Il croisa son regard et ne vit que ses yeux verts. Le visage du jeune homme avait pris l’aspect d’un masque de crainte et de respect. Reculant encore sous le choc de ce qu'il devinait, il trébucha. Un des autres jeunes rit un peu. Elle le foudroya du regard et aida l'autre à se relever. Björn sourit. Il n'avait pas posé genou à terre devant elle pour rien. Il avait lu qui elle était derrière ce qu'on disait d'elle. Il avait vu le reflet des aspirations de son peuple en elle : Honneur, Respect, Liberté, Force, courage. Avec une chose en plus. L'humilité. Elle ne s'était pas vantée de l'avoir vaincu, ça l'avait presque dérangée. Il avait comprit que si elle avait affronté le jeune c'était parce qu'il était allé trop loin. Demain aurait lieu l'affrontement entre Erika et Alice, dans la fosse aux lions. Ce serait un grand moment. Deux guerrières puissantes et fortes. Il avait concédé une victoire aux deux. Mais il savait laquelle vaincrait. Erika n'était pas une Valkyrie. Peut-être une Berserker, mais ce n'était pas tout à fait sûr. Alice était les deux. Alice était humble. Elle vaincrait. Il le savait.


*
**
***
**
*



L'aube. Froide. Glaciale même. La neige qui tombait dehors, doucement, comme pour saupoudrer simplement les maisons de la cité viking. Aujourd'hui avait été décrété jour de liesse. En ouverture se tiendrait le combat entre Erika et Alice. L'une avait fait sa renommée sur les champs de bataille, l'autre était connue comme la grande duelliste invaincue à ce jour. Une promesse d'un affrontement comme on en avait plus vu depuis longtemps. Les sentinelles avaient vu chacune des deux combattantes se lever à la nuit encore noire. Erika était allée s'échauffer dans les salles d'arme. Alice s'était contentée d'aller aider à la forge, histoire de voir son père. Ils avaient discuté un moment. Puis à l'aube elle était allée s'entraîner avec les jeunes gens en formation militaire. Elle avait répété à leurs côtés les enchaînements, prodiguant les conseils qu'elle pouvait, sous l’œil bienveillant du maître d'arme, à peine étonné de la voir là avec le combat qui l'attendait. Plutôt content de la revoir. Il l'avait formée, comme beaucoup d'autres. Jamais cependant il n'aurait pu prévoir qu'elle serait là aujourd'hui, dans une telle situation. Enfin, elle se retira dans ses appartements et prit un bain glacé pour se décrasser et "se réveiller".

Alors qu'Erika était déjà prête à entrer sur le sable, Alice s'équipait. Elle était torse et pieds nus dans sa chambre, ses pièces d'armure devant elle. On lui avait autorisé l'accès à l'armurerie. Un panel d'armes et d'armures étaient là devant elle. Elle avait tressé ses cheveux pour qu'ils ne lui tombent pas dans les yeux. Elle avait choisi une chemise de cuir, légère et résistante. Elle passa ses bottes de cuirs, faites à son pied elle s'y sentait bien, chose essentielle dans les combats. Protections en acier sur ses tibias, bracelets de forces aux avant-bras. Elle laissa son bras gauche à découvert, sans protections, comme toujours. Une mitaine de cuir pour assurer la prise sur la garde de son arme, à la main droite, de la magnésie sur la main gauche. Une épaulière à droite, un corset de mailles pour protéger son ventre et son buste. Elle choisit un casque simple, sans cornes. Elle s'arrêta un moment devant les armes, puis fit son choix. Deux épées courtes en bandoulière. Un long poignard en cuissarde. Une lance pour main droite, une hache légère dans main gauche. Elle se jugea alors satisfaite et s’en alla vers l'arène, hache accrochée à la taille, lance dans le dos, casque sous le bras.

Dans les couloirs on la regardait passer avec un mélange de sentiments divers. Tous allaient à l'arène. Elle descendit pour entrer dans les souterrains qui menaient au sable. Elle passait devant les prisons quand Björn l'interpela. Il la guida à travers le dédale des cachots. Sur son passage se faisait le silence le plus total. Enfin ils entrèrent dans l'arène. Les souterrains de pierre étaient froids et humides. Pas un instant un seul des deux ne frissonna. Si Björn était bien couvert, Alice elle était simplement en armure, sans plus. Et avait un bras nu. Il s'arrêta devant la première grille. Celle-ci était ouverte.


Tu vaincras, Dame.
Qui te dis qu'elle ne va pas me mettre une râclée ?
Toi.


Silence

Pourquoi Dame ?
Parce que tu en es une.
Mais encore ?
Tu vaincras...
Tu te répètes.
Je sais. Et je répèterai aussi le geste que j'ai eu quand tu m'as vaincu. Avec les paroles qui vont avec.
Pardon ?!
Tu vaincras... et...
Trois fois. Et ?
Tu verras. Avance. Je n'ai pas le droit d'aller plus loin avant le début du combat.

Allez, ils vont t'attendre.

Ça va ?
Björn.
Oui ?
Merci.


Alice s'enfonça dans le passage. Derrière elle la grille se referma. Une autre porte se trouvait devant elle. Elle s'avança, faisant le calme total dans son âme et son cœur. Elle laissa son instinct lui faire faire les derniers pas jusqu'à l'autre grille. Elle y attendit un instant. Elle voyait l'amphithéâtre se remplir de monde. Elle devinait qu'au moins le double était massé dans les rues de la cité à attendre le résultat. Les vikings parlent rarement d'une même voix, sauf quand il s'agit de combat. En face, elle voyait son adversaire. Elle avait deux grandes épées, une armure sombre, elle semblait sûre d'elle, trop. Alice sourit. Björn avait peut-être raison après tout...

Une sonnerie de cor. Des acclamations. Une voix qui s'élève et résonne. Alice ne se retourne pas. Björn est toujours là, elle sent sa présence. Elle vide son esprit totalement, entre en transe, elle réussi à retrouver cette sensation de bien-être. Son inconscient à prit le contrôle. Elle n'est plus là que pour regarder et admirer. La grille d'Erika se lève, elle entre dans l'arène, acclamée par le public. Alice la voit s'offrir le luxe de faire rugir la foule. Enfin elle se place en face d'elle. Sa grille se lève. Alice entre. Silence. Puis une acclamation unanime, comme une seule voix s'élevant dans l'enceinte. Un mugissement, cri de guerre, né dans toutes les gorges au même moment. Un cri qui serait encore reprit lors de ce combat, mais aussi bien plus tard, sur le champ de bataille...

WAAAAAAAAAAAAAAAH... WOH !

Bestial, primaire. Sincère. Un don d'un peuple pour un symbole, un espoir. Le cri fut répété, encore, encore. Puis scandé sans arrêt. Alice parcouru l'assemblée du regard. Son père, sa mère, son frère, tous ses proches, le jeune qu'elle avait vaincu la veille et tous les autres, le maître d'armes, d'autres encore. Elle laissa le cri retentir un moment encore, puis leva le poing droit, ganté de cuir. Le silence se fit, instantanément. Elle mit son casque, prit sa lance, sa hache. Fit face. Son adversaire la jaugeait du regard. Il était évident qu'elle l'avait sous-estimée. Son seul espoir de victoire était de revoir son jugement à la hausse, et d'espérer tenir le choc. Le silence aurait dérangé un mort. Elles commencèrent à se tourner autour, doucement, puis plus vite, plus agressivement. Son instinct lui commandait d'attendre. Elle attendait. LE combat venait seulement de commencer...


Leur manège se poursuivit quelques minutes, puis elles se décidèrent à attaquer réellement. Les regards des spectateurs non avertis eurent du mal à suivre le combat. Levant ses lames, Erika fut la première à se ruer à l'assaut. Alice para sans mal, déviant les lames. Elle se trouva dans le dos de son adversaire et tenta de faucher ses jambes. Erika avait anticipé et bondit en l’air pour éviter d’être renversée. Le fer de la hache dévia une des lames tandis que la lance était parée par l'autre. Face-à-face, instant, fin. Les combattantes reculèrent pour mieux se jauger, avant de recommencer leur danse. Alice se sentait glisser sur la pente de la transe. Elle sentait que son état démon serait bientôt maître d’elle même. Elle roula pour éviter une des lames et se redressa dans le mouvement. Bondissant elle tourna sur elle-même et lança sa hache qui vint frapper le fer d'une des lames. Celle-ci échappa à celle qui la portait et partit atterrir dans le sable. Alice planta sa lance dans le sable et sortit ses épées. Erika mania sa lame restante à deux mains, gagnant en puissance et en vitesse, perdant l'avantage d'avoir deux armes. Alice avait calculé le coup avec exactitude, elle tint le choc avec ses deux armes et commença ce a quoi elle savait qu'elle serait réduite. Elle allait devoir jouer la carte de la routine si elle voulait que son adversaire fasse une erreur.

Parade, esquive, feinte, déviation, attaque, parade, feinte, esquive, attaque, et on recommence. Parfois on varie pour tester le terrain, pour le plaisir aussi. Des yeux, des bras, du corps. Un bon combat est une démonstration, celle d'un savoir, d'un pouvoir. Dans le cas contraire c'est une humiliation, ou une exécution. Alice entraîna Erika dans une danse. Quiconque d'autre qui aurait affronté l'une des deux serait déjà défait ou mort. Mais leurs puissances respectives se compensaient. Alice se laissait gagner par la fureur du combat, doucement, elle devait garder le contrôle. Sinon elle allait la tuer, et elle en mourrait. Elle prit de la vitesse, un peu, puis encore un peu, et encore. Elle accélérait de façon régulière, accumulait de l'énergie, s'efforçait tant bien que mal de ne pas perdre les rennes. Un instant d'inattention, désarmée, bousculée. Roulade dans le sable. On se relève, sans ses lames. La lance à l'autre bout de l'arène, la hache plus loin encore. Les lames on ne sait pas où. Son adversaire est armé et s'avance. Seconde d'hésitation, tentation. On cède...

Les berserkers sont des guerriers qui, dans le combat, deviennent fous, insensibles à la douleur, à la peur. Seul compte la victoire. Ce sont des fanatiques, des gens dangereux armes à la main. Et parfois doux comme des agneaux en dehors des champs de bataille. Alice se sentit partir. Elle n'était rien qu'un spectateur d'elle-même, sans plus aucune prise sur le réel.


Tu n'as plus d'arme, tu as perdu. Abandonne.
Erika Kerrika, fille de Varesh, le champion de Vyrkä et de tout le peuple viking...
C'est moi.
Tu es présomptueuse, et tu as perdu.
Hein ?


Alice roula sous la garde de son adversaire. Dans le mouvement son pied se détendit et frappa sous le sternum. Le souffle coupé, projetée en l'air, Erika atterrit dans le sable sur le dos. Elle roula sur son arme, et se releva aussi vite que possible. Elle était prête à poursuivre Alice qui allait certainement chercher sa lance ou sa hache. Non. Elle était là. Calme, un simple poignard à la main. Elle fit tourner la lame entre ses doigts, comme si celle-ci se mouvait d'elle-même. Puis sourit. La lame vola. Se planta dans un des montants de bois du bord de l'arène. Erika sentit quelque chose glisser le long de son épaule. Une mèche de cheveux, et une goutte de sang. Elle sentait la brûlure de l'arme sur sa peau. Elle regarda Alice dans les yeux. Des yeux rouges sang, un sourire à faire peur. Un air de divinité guerrière, une lueur de folie dans le rouge du regard. Un incarnat de maîtrise et de folie à la foi. Puissance et force, harmonie et chaos. Une guerrière dans toute sa splendeur.

Erika se reprit et passa à l'attaque. Elle se sentit voler. Son arme restant dans les mains d'Alice. Elle atterrit lourdement sur le dos. Son adversaire jeta l'arme récupérée et s'avança sur elle. La défaite arrivait, elle le sentait. Il est des choses qui ne trompent pas. L'odeur de l'angoisse de perdre qui émane de soi, le goût amer dans la bouche. À moins que ce ne soit du sang. Ça revenait au même de toutes les manières.

Seuls les morts et les fous goûtent leur sang. Ceux-là et les berserkers. Surveille les berserkers ma fille. S'ils t'estiment, jamais ils ne te feront réellement de mal. Perd leur respect et tu risqueras chaque instant la mort à leurs côtés.

Un adage de son père. Elle en comprenait maintenant la valeur. Et celle de son adversaire. Elle voyait la silhouette au-dessus d'elle. Elle sentit quelque chose d'étrange monter en elle. Ce... c'était du respect, ou une forme de respect.



Alice Weaver.

Tu as gagnée, je m'incline. Ça me fout les tripes en merde de le dire. Mais tu as gagné. Respect et honneur.


Alice resta silencieuse un moment. Dans son dos le cri était scandé sans arrêt, presque fanatique. Elle revint alors à elle-même. Son regard s'éclaircit et ses yeux redevinrent ceux, verts, d'Alice Weaver, fille d'un forgeron et d'une peintre. Elle s'agenouilla près de la tête d'Erika, qui reposait toujours dans le sable, comme attendant son verdict. Elle la redressa et l'assit sur le sable. La prenant par les épaules elle se contenta de la regarder dans les yeux, droit dans les yeux, sans chercher à cacher ce qu'elle pensait. Erika lut. Elle comprit diverses choses, entre autre la valeur d'un amitié telle qu'elle lui était proposée. Alice se releva et tendit un main à Erika, souriant. Celle-ci l'accepta et se redressa. Sortant une dague de sa botte elle s'entailla le creux de la main. Elle tendit la dague à Alice qui fit de même. Elle se serrèrent la main et se donnèrent l'accolade. Björn, derrière sa grille sourit. Les deux jeunes femmes se tournèrent vers le public et, mains toujours serrées, sang mêlé, levèrent ce poing uni vers le ciel. Dans les gradins, l'avis de la foule était unanime :

WOOOOOOOOOOOOOOOH ! … WOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOH ! WAAAAAAAAAAAAAAAH ! WOOOOOOOOOOOOOOOH ! RAAAAAAAAAAH !

Fin de la première partie
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Cendres

Cendres

RANG : Loin, si loin, et pourtant proche.
METIER : Vyrkä
MISSIVE ENVOYÉES : 16


Alice Weaver, Tisserande [terminé] Vide
MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeDim 2 Mai - 14:47

Un an plus tard, dans les Contreforts de givre, au bord des chutes de Hëka


Alice ?
Oui Erika ?
N'oublie pas ton serment.
Lequel ?
Les trois.

Tu promets ?
Tu connais la réponse.


Erika soupira. Elles en avaient parlé maintes fois. Il était inutile de refaire le débat. Elle aurait donné cher pour accompagner Alice. Sa condition de fille de Varesh l'obligeait cependant à éviter ce genre de missions suicidaires. Soupir de nouveau, exaspération devant un destin qui nous oblige à tourner les talons alors qu'on aimerai aller au devant de la mort. Alice s'approcha de celle qui était devenue une sœur au cours de l'année précédente. Les deux portaient une capuche pour se protéger du froid et de la morsure du blizzard.

En retrait d'Alice attendaient son frère et le reste de l'expédition. En était Björn, détaché au service de la jeune femme depuis près d'un an, et des guerriers vikings. Tous étaient endurcis et entraînés par les soins d'Alice et d'Erika. Ils allaient partir dans les désolantes, à pieds, pour une expédition qui les mènerait d'abord à Archeus, avant de faire le tour de l'île vers Yggdrasil pour explorer les ruines de la vieille Sylvan. De là, retour sur Vyrkä. Départ aujourd'hui, retour dans six mois. Huit tout au plus.

Derrière Erika se tenaient ceux qui les avaient accompagnés jusque ici. A savoir la garde personnelle d'Erika et les chariots qui avaient transporté les sacs et paquetages. Les bêtes, jugées trop encombrantes, ne continueraient pas plus loin, les chariots non plus. La cité de Vyrkä élevait ses murs et des portes plus loin en retrait, déjà presque invisible, masquée par le blizzard et le relief. Fantôme rassurant de civilisation, de sûreté. Une ombre tout au plus, qui serait loin derrière eux d'ici quelques heures.

Alice se pencha vers Erika et déposa un baiser sur son front, comme une grande sœur. Elle était la seule à qui était permise autant de familiarité. Et surtout une telle preuve de douceur et d'affection. Son père même s'en abstenait en général. Erika ferma les yeux et soupira. Elle avait horreur de se sentir petite fille, protégée. Mais elle recherchait aussi ces instants avec Alice. Elle avait apprit à ses côtés, plus qu'elle ne l'aurait jamais cru. Elle ne l'admettrait jamais, même pas à Alice. Elle avait sa fierté. Mais cette dernière lui avait offert que chacune apprenne à l'autre ce qui lui faisait défaut. Si Erika avait apprit à tempérer son caractère bouillant, Alice avait apprit, elle, à s'affirmer. L'enrichissement avait été réciproque et bénéfique, permettant à chacune d'avoir un autre point de vue sur un quotidien qui lui était pourtant familier.

Mettant fin à cet instant, moment d'infinie douceur dans un monde impitoyable, Erika se recula et sourit à Alice. Celle-ci lui rendit son sourire et s'en fut vers son frère et Björn qui l'attendaient. L'expédition se mit en ordre de marche. La colonne de guerriers se mit en route, sans un regard en arrière. Erika était au premier rang de ceux qui restaient, personne ne pu donc voir l'unique larme qui vint faire briller un de ses yeux. Elle l'essuya sans attendre, se maudissant de sa faiblesse.
"Tu as intérêt à tenir tes serments, Alice Weaver, les trois..."

*
**
***
**
*



L'expédition s'était mise en route quelques trois jours plus tôt, traçant un sillon dans l'immensité blanche des désolantes. Ils savaient que la route serait longue et ardue, rendue plus difficile encore quand ils passeraient dans les terres gelées. Ils seraient alors dangereusement proches des manoirs de l'effroi, et d'Undercity, terre des morts-vivants. Mais ils n'en étaient pas encore là. D'abord la traversée des terres glacées de l'île, ensuite ils aviseraient la donnée que constituaient les mort-vivants dans l'équation de l'expédition. Il fallait déjà survivre au blizzard, aux prédateurs et au reste. On aurait tout le temps d'improviser ensuite.


Ce fut trois jours après leur départ qu'eut lieu le premier événement notable. Il ne neigeait plus depuis la veille au matin. La troupe avançait dans la neige, pas vraiment vite, mais plus rapidement qu'avec le blizzard en face. Un soleil timide émettait une lumière pâle qui se reflétait sur la neige. Tous avaient mis leurs lunettes de protection pour ne pas être aveuglés. Malgré cela ils restaient en proie à un malaise grandissant.
Quelque chose était là aussi. Dans l'immensité blanche, les prédateurs étaient camouflés naturellement. Même en groupe. Hors s'ils étaient tous des combattants confirmés, dans cette neige et avec cette lumière aveuglante il était toujours délicat de faire face à une attaque. Même si elle n'émanait que de "simples" ours ou tigres à dents de sabre.

Certaines légendes racontaient la présence de tigres longs de plusieurs mètres, hauts comme un humain, avec des crocs longs comme des poignards. Si les vikings exagèrent parfois la force de leurs adversaires, ce n'est pas le cas avec les prédateurs. Un adversaire est méprisable, s'il n'est pas viking on peu se vanter sans peine de ses exploits, on peut l'impressionner avec nos histoires et le reste. Un prédateur n'agit qu'à l'instinct. La peur il ne la connait que devant la mort de son espèce, la disparition des siens. Il n'a pas d'honneur, de courage, de lâcheté, de respect. Il agit, il vit, il tue pour se nourrir, lui et les siens. Il survit à son environnement, ou meurt. Le viking vit le plus souvent dans sa forteresse, son village, sa maison. Le prédateur a une tanière, mais il évolue au quotidien dans les glaces et les neiges. Le viking est un guerrier, c'est son métier, souvent il en exerce un autre par ailleurs, sauf pour certains. Le prédateur est un tueur, c'est sa vie.

Le groupe avançait machinalement, Björn en tête. Sa silhouette immense creusait la neige pour les suivants. Légèrement en retrait sur ses flancs étaient Märn et Tärn. Les deux frères étaient également imposants et élargissaient le passage pour la suite. Namish, l'archer, était au centre, flanqué de Ziran et Telnor, les lanciers. Leurs piques serviraient s'ils rencontraient un ours un des tigres à dent de sabre, à condition qu'ils ne soient pas trop nombreux. Devant Namish se tenait Hivan. Petit de taille il n'en était pas moins redoutable. Ses deux haches faisaient des ravages dans les rangs ennemis, surtout qu'ils ne le voyaient souvent pas venir. Il était vraiment petit, mais dense. Une fois il avait tenu tête seul à un ours blanc. Ce dernier lui était passé au dessus alors qu'il avait roulé dans la neige. Erreur fatale. On avait retrouvé Hivan couvert de sang et de tripes. Il avait éventré l'ours par en-dessous. Fermant la marche se trouvaient Alice et Aloon, certainement les plus dangereux avec Björn et Hivan.

La nuit avait laissé place au jour depuis quelques heures, peut-être trois ou quatre, tout au plus. Ils avaient reprit la route un peu avant le levé du soleil, encore en formes, ils étaient alertes. C'est peut-être ce qui les sauva. Namish avait certainement les meilleurs yeux de tous, condition d'archer oblige. Il repéra un mouvement suspect et en prévint les autres. Le groupe ne s'arrêta pas, un reflet étrange dans la neige ne veut rien dire. Mais tous étaient sur leurs gardes, ça peut aussi vouloir indiquer une présence. On sortait des hivernales, les semaines les plus froides de l'an. La nourriture était encore rare. Une bande de prédateurs affamés n'hésiterait pas à attaquer un groupe armé. Surtout isolé dans les neiges de désolantes.

Un autre reflet. La tension monta d'un cran. C'était mat, pas brillant comme le givre. Mat comme un pelage. Le groupe s'arrête sur une éminence, mieux positionné pour se défendre. Effectivement des traces convergeaient vers eux. Sept, huit... non neuf... douze. Douze tigres qui s'avançaient vers eux. Des tigres énormes, plus grand qu'on les décrivait dans les plus effrayantes des histoires pour enfants. Ils avançaient accroupis sur leurs pattes, ne dépassant presque pas de la neige, camouflés. Le groupe se mit en cercle, Namish, Ziran et Telnor au milieu. Les autres autour. Neuf contre douze. C'était presque équitable. Mais ce serai long, et dur. Nul ne parla. Les tigres virent qu'ils avaient été repérés. Ils ne prirent plus la peine de se dissimuler. Gigantesques. Ils étaient gigantesques, tout simplement. Des bêtes de presque deux mètres au garrot, long de quatre, voire cinq, des crocs de 30 centimètres, des griffe qu'on devinait tout aussi redoutables. Des machines à tuer. Douze machines à tuer...

La lutte serait rude...




Des fous, ces bipèdes étaient des fous, voilà ce qu'auraient pu penser les tigres s'ils en avaient eu les moyens. Il les avaient vu arriver, s'étaient arrêtés sur une éminence et les avaient attendus. Ils étaient douze grands mâles, eux n'étaient que neufs bipèdes, perdus dans les glaces. Un bout de bois pointu était allé se ficher dans le flanc d'un des leurs, il avait rugit et était monter à l'assaut sans respecter la formation de chasse. Une pique l'avait accueillit. Une hache dépassant de la neige l'avait achevé. Onze. Et la rage qui montait. Le meneur de la meute lança un rugissement de prévention. Il fallait suivre le "plan", sans quoi ils étaient finis et se feraient découper. Des grondements d'approbation montèrent de ses lignes. L'ordre rétabli, ils recommencèrent à avancer. Lentement, prudemment, ils devraient attaquer tous en même temps. L'instinct commanderai alors. Les proies, dans leurs peau de métal, seraient réduits à réfléchir et à agir lentement, comme toujours. Tout se passerait bien. Normalement...



Allongé dans la neige, le mâle dominant agonisait. Ils avaient eu l'arc et les piques, blessant un des autres. Mais la femelle s'était enragée. Elle les avait décimés. Elle s'approcha de lui, le surplombant. Ses compagnons préparaient un bûché des restes des morts, de tous les morts. En fait un entassement des corps, avec de l'huile et de l'alcool. Ça brûlerait assez vite et bien pour ne rien laisser d'utilisable pour Undercity. Le mâle sentait qu'il ne survivrait pas à ça. Blessé, même s'ils ne l'achevaient pas, il mourrait dans quelques jours. Rejeté par la meute, incapable de chasser, il ne passerait pas la prochaine tempête de neige. Il vit la femelle s'agenouiller. Ses yeux n'étaient plus rouges. Un vert calme et apaisant le remplaçait. Il ne comprit pas pourquoi elle lui appliqua un onguent dans la plaie, mais il se laissa faire. Il sentait que ça piquait, et que ça se refermait. La cicatrise sur son museau subit le même traitement. Il loucha, intrigué, sur la mousse que faisait la plaie en se refermant. Il finit par tenter de se relever. Il domina la créature de toute sa hauteur. Elle était restée à genoux, ne semblant pas effrayer. Il se secoua et gronda. Puis s'en fut. Il sentait ses plaies disparaître, de même que son envie de retourner à la meute. Étrangement, cette bipède avait changé quelque chose en lui. Au plus profond de son être, il connu un nouveau sentiment. Le respect, par l'amour, et non la crainte.



Pourquoi tu l'as soigné ?
Aucune idée.
Tu te moque de moi Ally ?
Du tout Al'. Instinct.
Mouais... Espérons qu'on ne le regrette pas.
Je ne pense pas. Si ta sœur l'a fait, c'est qu'il y a une bonne raison à cela. On ne la connaît pas encore, c'est tout.


Aldier se retourna vers Björn qui venait de parler. Il acquiesça et s'en fut préparer leurs affaires pour repartir. Ils allaient devoir abandonner une partie du matériel et des provisions pour s'alléger. Les sacs rééquilibres, ils pourraient repartir. Märn, Namish, Ziran et Telnor avaient trouvé la mort dans l'affrontement. Ils n'était plus que cinq. Ils récupérèrent les piques, l'arc et les flèches furent laissés sur place, au feu. Le moral avait baissé d'un cran. Cependant la mission devait continuer. Ils regardèrent une dernière fois les restes de leurs assaillants et de leurs compagnons partir en fumée. Les meilleurs morceaux des carcasses des tigres feraient ce soir leur repas. Demain et après-demain aussi, avec de la chance. Leur régime reviendrait ensuite à la viande et au poissons séché, accompagné de pain d'algue. Basique, pas vraiment bon, mais ça leur tiendrait au corps et leur permettrait d'avancer. C'était tout ce qui comptait maintenant... Avancer.


Environ deux semaines plus tard, il arrivèrent à l'arène sanglante. Théâtre des fameuses saisons d'arènes, lieu où les meilleurs guerriers s'affrontaient pour la gloire, dans le sang et la mort, pour le plus grand plaisir d'un public toujours plus nombreux et avide de grand spectacle. En ce moment le lieu était vide, hormis le petit relais situé au pieds des murs d'enceinte. La compagnie y passa deux jours et deux nuits, refaisant leur provisions et leurs forces. Il repartirent au matin du troisième jour. La plus longue partie du voyage commençait. Il n'aurai pas d'étape avant Archeus, dans un mois et demie au mieux, sinon peut-être dans des petits villages humains, rares cependant. Monotone, le voyage reprit. Lent, long et blanc dans un désert de glace et de mort, un piège qui pouvait sembler vivant, choisissant ses proies parmi les plus faibles et laissant seuls debout les plus forts, les plus résistants.

A la fin d'un mois passé sans rien voir de vivant sinon l'ombre d'un tigre de temps en temps, vint enfin le premier village. Îlot inespéré dans la mer glacée des terres gelées, il coururent plus qu'ils ne marchèrent sur les dernières centaines de mètres. Björn portait des lettres signées de la main et du sceau de Varesh, les désignant comme une mission diplomatique. Ils venaient en fait négocier des échanges commerciaux avec les humains, visant à éviter que ces derniers ne prennent le partit des Elfes, contre eux. Les forges de Vyrkä étaient renommées dans tout Frözen, un argument de poids dans des négociations.

Ils pensaient donc pouvoir se reposer dans le village sans difficultés. Hivan riait aux éclats, heureux de trouver un peu de civilisation, même si c'était chez ces "femmelettes d'humains". Tous souriaient, la tension venait de retomber. La pression s'évacuait, les visages se détendaient. Puis le rêve d'un repas chaud prit fin, brutalement. Le village brûlait, les habitants étaient dans la rue, inertes sur le sol, dans des flaques de sang et de neige fondue. Une scène de carnage s'étendait là, devant eux, un monstrueux étalage de violence, de cruauté, de barbarie. Au centre du village, sur la grande place, au sommet d'un tas de cadavres, un bébé était empalé, déjà les oiseaux charognard commençaient leur descente pour le festin. La scène semblait tout droit sortie de l'imagination d'un fou, un malade mental voué à créer et contempler la souffrance, de toutes les façons possibles.

Ils fouillèrent brièvement les maisons, cherchant des survivants, sans grand espoir d'en trouver, et des provisions pour renouveler leurs stocks. Il ne trouvèrent rien des premiers, et un peu de fruits séchés pour les secondes. Prenant le partit d'équilibrer ainsi un tant soit peu leur ordinaire, ils embarquèrent ce qu'ils trouvèrent. Ils résolurent de réunir les corps de tous les villageois et mire le feu à un grand bûcher. Les vautours et autres mangeurs de morts en seraient encore pour leurs frais. Mais au moins les dépouilles pourraient reposer en paix, et en cendres. Le village finirait de tomber en ruine de lui-même, il n'y avait rien de plus à faire de ce côté là. La route reprit, la monotonie avec. Ainsi qu'une once de désespoir de voir enfin le bout de la traversée. La veillée de soir là fut morne et plate, reflet du moral bas des voyageurs. Ils n'échangèrent que quelques mots dans la soirée et la journée qui suivit. Les semaines d'après furent d'ailleurs tout aussi peu animées.

Cela faisait un mois qu'ils étaient partis du village pillé. En chemin ils avaient pu faire étape dans un monastère de Thor, édifice fortifié, tenu par des moines rudes et méfiants, mais accueillants au demeurant. Ils écoutèrent leur récit avec un sérieux notable et une peine grandissante pour les massacrés du village. La conversation se tenait autour d'un repas chaud, bien que peu élaboré, et elle finit par tourner sur autre chose, comme le cours de l'acier, le printemps qui tardait à se montrer réellement, les pillages et attaques qui se multipliaient, les mort-vivants qu'on aurait aimé pouvoir surveiller du coin de l'œil mais qui restaient discrets et sous terre. Une autre nouvelle attendait les voyageurs, peut réjouissante : ils s'étaient écartés de leur route. La récente tempête les avait certainement désorientés, et ils était à plusieurs lieues de leur parcours prévu.

Généreux, les moines leur offrirent cependant de les héberger quelques jours, qu'ils refassent leurs forces avant de repartir à l'assaut des terres gelées, vers Archeus.

*
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Deux semaines de marche dans les étendues glacées, dont la dernière de tempête. Voilà ce qu'ils avaient connu depuis leur départ du monastère. Ils étaient sûr et certains d'être égarés, cependant que le ciel était encore masqué par les nuages. La tempête était tombée la veille, leur laissant enfin voir à plus d'un mètre ou deux. Le décor était morbide. Ils étaient à l'évidence dans un cimetière. Caveaux, tombeaux, tombes, tout, tout était éventré et vide.


Où sommes-nous ?, demanda Hivan
J'ai peur de le deviner, commença Aloon
C'est un endroit que j'aurai préféré ne jamais voir, continua Björn.
C'est le cimetière des damnés, dit Alice, et la nuit tombe. Elle va être longue la nuit, je le sens... Tärn, Björn, il va falloir trouver de quoi faire un feu.... Tärn ?


Le silence était total, aucun moyen de savoir si on les observait ou pas, de savoir si Tärn était là ou pas. Les morts ne respirent pas, même pas les morts... vivants.

*
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*

[/i]Cinq, c'était cinq mort-vivants retournés au repos éternel qui alimentaient leur feu de leurs chairs gelées. Ils avaient trouvé du bois sec au fond de presque chaque tombe. Celui des cercueils épargnés par la pourriture. Il avaient fait un grand feu et avaient bâti leur défense autour. Selon leurs estimations les plus optimistes, ils leur faudrait passer deux nuits dans le cimetière pour réussir à en sortir. Plus s'ils se perdaient. Moins qu'ils avaient beaucoup de chance. Donc entre deux et trois nuits, au mieux. Au pire, il ne verraient pas l'aube se lever et ils rejoindraient presque certainement les rangs des Mort-vivants. Ils passèrent le crépuscule à s'échauffer pour la nuit. Tärn avait déjà disparu, ils n'étaient plus que quatre. Trop peu, vraiment trop peu.


Quand la nuit avait commencé a tout obscurcir, ils avaient allumé le brasier qui serait leur principale défense et repère ce soir là. Tout en entonnant des chansons de guerre et en se racontant des récits de bataille, leur moral était un peu remonté. Certes, ils étaient aux portes de la mort, mais il étaient toujours un noyau, solide, dur, prêts à en découdre. Et même s'ils venaient à se retrouver morts et relevés par les mort-vivants, ne disait-t-on pas que certains pouvaient parfois rejoindre leur peuple, s'échappant de la cité souterraine et retrouvant le chemin de leur pays ? Non, décidément, tout n'allait pas si mal. Ils avaient préparé nombre de torches et enduit avec soin leurs armes d'huile. Le ciel s'était dégagé dans la fin de l'après-midi, laissant voir les étoiles. Aux points cardinaux avaient été plantées des torches, balises dans la nuit. Chacun s'était vu attribuer une section à surveiller, le feu derrière lui pour enflammer ses armes quand le combat commencerait. Nul ne dormirait ce jour et, comme l'avait d'ailleurs si bien dit Hivan :[/i]

Dormir ? Pourquoi faire ?! On va se battre oui ! Et on dormira quand on sera mort, si on est pas déjà debout d'ici là !

Il avait provoqué un rire général, un rire presque dément. Ils allaient mourir, oui. Cependant ils mourraient en braves, dans un combat dont ils regrettaient seulement que nulle légende ne puisse jamais le rapporter...

Cinq morts-vivants... morts. Nulle trace de Tärn parmi eux. Il n'était pas encore la minuit, et déjà ils étaient encerclés. Où qu'ils regardent, il voyaient des points lumineux, autant d'yeux qui les surveillaient. Ils auraient préféré affronter encore une fois les douze tigres plutôt que la vingtaine de morts-vivants qui étaient autour d'eux. Ils n'avaient encore pas utilisé leurs armes "inflammables", une torche dans une main, une hache dans l'autre, ils avaient tenu bon. Pendant le moment de silence qui suivit le premier assaut, Hivan avait mugit à la nuit :


Björn un ! Un pour moi aussi ! Un pour Aloon ! DEUX pour Alice !! … Zéro pour vous les crevés ! Allez, re'vnez donc voir l'onc' Hivan, j'vais vous apprendre des berceuses moi, z'allez voir !

Un rire sourd s'était alors élevé de la gorge de Björn, un rire dément, reprit par Aloon, puis Alice et Hivan. Dans les ombres d'autres yeux étaient venus. Tant mieux, qu'ils viennent avant que la fatigue ne prenne son tribut. Qu'ils viennent, les vikings sauraient les accueillir. Un groupe d'yeux chargea en face d'Alice. Ils étaient encore loin, elle prit donc son temps. Une lance, enflammées, cueilli le chef de file. Ce dernier rugit de douleur, transpercé de part en part, rongé par les flammes. Une gourde d'alcool envoyée au loin, ouverte. Une torche suivit. Explosion. Deux morts-vivants s'effondrèrent, en flammes, on pu enfin distinguer les autres qui s'était arrêtés nets devant la flaque enflammée.

Leurs yeux émettaient une lueur bleutée, glaciale, leur corps décharné, leur peau pâle, ils ne respiraient pas, ils étaient immobiles, figés devant les flammes. L'un d'eux eu alors un rictus et gronda, montrant ses crocs. C'était un grondement sourd, un grondement de menace. Alice le regarda dans les yeux, le réduisant au silence. Ses yeux étaient rouges, rouge sang. Elle se laissait glisser dans la frénésie berserk, elle sentait ses capacités se décupler, son acuité augmenter. Un cri d'une formidable puissance sortit de sa gorge, hurlement de rage, de défi. Un cri reprit par tous les autres autour du feu. Ses frères d'arme, les seuls à rester, là, fidèles, présents. Les yeux reculèrent, tous. D'un pas.

Trois heures plus tard, c'était trois cadavres de plus qui brûlaient. Les yeux étaient toujours aussi nombreux, sinon plus. Les nerfs et la fatigue commençaient à se faire sentir. Il fallait que ça bouge, ou ils deviendraient fous, tous. Alors un mort s'avança. Il avait le visage de Tärn, la démarche de Tärn. Il semblait hésitant, mais n'hésitait pas en avançant. Il s'avança près du feu et prit la parole, d'un ton presque implorant, larmoyant :


Mes amis, pourquoi résister ? Undercity offre de faire de vous des morts-vivants. Ce n'est pas si terrible, vous savez ? Il suffirait de vous rendre, la mort n'est rien. Seul le réveil est douloureux. Laissez vos armes, venez, suivez-nous. Une nouvelle ère s'avance. Ne préférez vous pas "perdre" aujourd'hui, pour vaincre demain, aux côtés de vos nouveaux frères ?

"Perdre"... le mot de trop. Une hache au fer enflammé tournoya en direction de la tête de Tärn. Celui-ci se recula. Trop tard, il s'effondra en arrière, à moitié éventré, hurlant de douleur. Il arracha l'arme et la jeta au loin d'un geste empreint de rage.

POURQUOI ?!
Parce que nous sommes des vikings,
répondit Alice, parce que notre peuple et notre cité sont notre âme. Nous avons une mission, même si nous devons échouer, ce sera les armes à la main, et nous tuerons tous ceux qui voudront nous empêcher d'avancer, surtout si ce sont des cadavres ambulants. N'espère pas, jamais, nous convertir à tes absurdités. Hivan, achève-le !
De suite ma grande !


C'est impuissant et hurlant de rage que Tärn fut envoyé rejoindre son frère. Hivan avait enflammé ses deux haches et les tenait prêtes, chacun fit de même avec ses armes de prédilection. La nuit s'était trop attardée à déverser son flot de créatures sur eux. Le plus intéressant de la soirée allait enfin commencer.


Une, puis deux vagues, d'une dizaine de morts vinrent s'écraser sur les défenseurs. Les cadavres gisaient partout, se consumant souvent à moitié, gémissant parfois encore de douleur. Les quatre n'avaient que quelques égratignures, comme si le grand Odin en personne s'était épris de leur cause et les protégeait. Puis les yeux se rassemblèrent en un cercle compact, et tous chargèrent en même temps. Hivan tomba le premier, son cadavre entraîné on ne sait où. Björn fut le suivant, disparaissant de la vue des jumeaux. Alice et son frère combattaient dos à dos. Ils avaient retrouvé, à force d'entraînement, la capacité à se battre à l'unisson. Ce qui avait fait leur plus grande force. Unis ils fauchèrent leurs ennemis, l'un après l'autre. Aloon finit par tomber et Alice, berserker, se retrouva seule. Alors elle la sentit, la force au fond d'elle, cachée. Quelque chose cependant l'empêchait de venir à elle... Un coup derrière la nuque, elle s'effondra.

Fin de la deuxième partie
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Alice Weaver, Tisserande [terminé] Vide
MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeDim 2 Mai - 14:48

Alice reprit connaissance dans une cellule, froide, humide. Elle était roulée en boule à même le sol. Une faible lumière filtrait sous la porte, éclairant le sol plus ou moins irrégulier. À l'évidence, sa bulle avait été taillée à même la roche, grossièrement. L'eau gouttait du plafond, c'est certainement ce qu'il l'avait réveillée. Elle fit un rapide inventaire d'elle-même. Quand elle fut à peu près sûre d'être entière, elle tenta de se lever. La migraine qui s'ensuivit la fit s'effondrer sur le sol dur. Elle jura tout bas et prit le partit de rester assise. Elle était prisonnière, c'était la première évidence. Restait à se rappeler où, comment, et de qui.

Dans le fond de sa cellule elle se remémora la soirée qui l'avait conduite, très certainement, ici. Ils avaient résisté de longues heures, puis tous étaient tombés, les uns après les autres. Elle avait apparemment survécu. D'où sa migraine, à coup sûr. Mais le tout restait préoccupant. Capturés par les mots-vivants, restait à savoir ce qu'il allait advenir d'eux. Ou du moins d'elle. Les autres allaient certainement finir relevés, morts-vivants à leur tour. Elle... seul l'avenir saurait le dire... Elle resta ainsi un long temps. Nul ne vint la voir, la nourrir, la sortir de son trou pour l'examiner ou autre. Personne ne semblait s'occuper d'elle.

Son horloge interne compta quelques trois jours de ce traitement. Alors qu'elle ressassait encore de bien sombres pensées, un judas s'ouvrit dans la porte. Une raie de lumière blafarde, une paire d'yeux rougeoyants. Elle releva la tête. Un grognement. Le noir. Elle était en vie, c'est tout ce qui semblait préoccuper ses geôliers. Trois jours encore, sans rien avaler, puis une visite. Et le noir de nouveau. Elle s'était contentée de lever la tête, et le judas s'était refermé. Elle était restée assise tout ce temps, se levant quelques fois, rarement, pour explorer sa cellule. Alors qu'elle sentait ses nerfs lâcher à cause de cette captivité prolongée, une … voix ? s'adressa à elle. Elle ne parla pas longtemps, elle lui laissa une seule phrase, à peine un murmure.


Les seules véritables chaînes sont celles qu'on ne peut accepter.

Alice était alors debout, nerveuse au possible. Elle se rassit, le temps que passe la surprise. Elle ne put alors plus penser à autre chose que cette phrase. Elle la tourna et retourna dans son esprit, en cherchant le sens et ce qu'elle pourrait lui apporter. Liberté... l'idée de tout ça était la liberté. Évidence. Tant qu'elle resterai prisonnière elle ne réussirait pas à penser correctement. Mais alors cette phrase... Les chaînes... oui, une image bien sûr. Sa prison était ses chaînes. Quoi d'autre ? Elle devait... accepter d'être prisonnière ? Folie ! Quoique. Oui. Elle était prisonnière, elle n'avait que peu ou pas de visites. Elle n'y pouvait rien. Elle devait l'accepter et en prendre son partit. Ainsi elle serait libre de penser, de réfléchir à autre chose.

Presque ébahie devant la simplicité de cette logique, et qu'une telle évidence ne lui soit jamais apparue, elle se détendit. Oui, dans sa prison, elle était libre, dans sa tête, elle était encore elle-même. Un point pour la voix. Maintenant elle allait pouvoir se calmer et réfléchir posément. Elle commença à passer en revue tout ce qu'elle savait ou pensait savoir des morts-vivants. Ils faisaient, disait-t-on, beaucoup d'expériences sur leurs sujets vivants. Hors elle n'était pas nourrie depuis des jours. Ce qui n'empêchait pas qu'on vienne voir de temps en temps dans quel état elle était. Elle devait donc être sujet d'une expérience sur la durée, ce qui impliquait un implant, ou une injection.

Elle portait encore son armure, et ne sentait pas de cicatrice nouvelle. Elle pensa donc à une injection. Un examen rapide, au touché, de son bras gauche, révéla en effet une marque de piqure. Bien, elle savait donc, en gros, de quoi elle avait été victime. Maintenant il fallait deviner le fond. Qu'est-ce qui avait changé chez elle depuis son réveil ? Elle n'avait rien avalé, rien bu, même pas de sensation de soif ni de faim, malgré le temps passé là. Comme... Comme.. si elle était morte. Pourtant elle pensait encore, elle se sentait encore en vie, et n'avait pas souvenir d'être morte. Que lui avaient-t-il donc bien fait ?


Une semaine de silence dans sa tête. Les visites classiques, toujours rien à manger, ni à boire. Alice réfléchit. Une idée a finit par germer dans son esprit. Elle passe tout son temps les yeux fermés, pour s'habituer au noir. Ses autres sens à l'affut. Elle se fit au silence, aux pas dans le couloir. Le bruit des portes, les gémissements de certains autres prisonniers, les râles des mourants. On venait parfois les chercher, parfois non, et le silence s'installait de nouveau. Tantôt un prisonnier perdait la raison et hurlait, hurlait sa folie et sa démence à tous. Les cris ne duraient jamais longtemps. Parfois un bruit mat et le silence. Parfois un gargouillis, un corps traîné, et le silence. Dans une de ces périodes, la voix revint. Une nouvelle phrase, un nouveau présent.

Être et paraître, n'oublie pas la subtilité...


Dans l'instant, des pas s'arrêtent devant la porte. Alice écoute son instinct et la voix. Elle laisse tomber sa tête sur son torse, comme si elle était épuisée, ou morte, comme ça, assise, au bout de ses forces, de ses réserves. Le judas s'ouvre. Elle se force à l'immobilité. La lumière reste plus longtemps que de coutume. Elle sent l'hésitation de son geôlier. Le judas se referme. Bruit de loquet, la porte s'ouvre en grinçant, pour la première fois depuis sa capture et son arrivée ici, Alice ne bouge toujours pas. Quelqu'un entre, il doit se courber pour passer dans la cellule et ne peut s'y tenir debout. Aucun mouvement de sa part. Derrière la silhouette, une autre, minuscule en comparaison, parle :

Morte ?

*
**
***
**
*

Le noir de nouveau. Elle avait levé la tête. Cette voix, cette présence. Altérées, mais elle les avait reconnues. Björn et Hivan. Et Aloon, juste derrière, qui passait dans le couloir. Quand elle avait montré ce signe de "vie" ils avaient tourné les talons et avaient refermé la porte. Le noir, encore... La solitude, la faim, le froid. Le lot des vivants. Cela aurait du la ronger, la dévorer. Elle n'aurait même pas du pouvoir encore penser. Voir ceux qui avaient été ses plus proches amis pendant les derniers mois aurait du la détruire. Pourtant non.

Les jours passaient, Alice se sentait immuable. Elle ne vieillissait pas, ne changeait pas. Sa vie, ses émotions, elle avait l'impression de les avoir perdues. Rien ne résonnait plus en elle, sinon un murmure. Presque un bourdonnement qui voulait entrer dans ses pensées, qui voulait qu'elle écoute, qu'elle abandonne. Quelque chose d'insidieux, de sombre. Elle le voyait comme une lueur verte malsaine qui cherchait à entrer dans ses pensées. Quelque chose pourtant empêchait que cette brume ne pénètre son esprit. Cela lui semblait comme une note claire et infinie qui l'isolait de cet intrus en elle. Une note lumineuse, simple, mais délicieusement ombrée. L'ombre et la lumière, unis dans une chose au-delà du "bien" et du "mal". Un principe trop complexe pour être défini réellement et fidèlement. Et pourtant tellement clair qu'un enfant le comprendrait.

Morte, elle était morte. La pensée se fit un chemin jusqu'à sa conscience, lui permettant de réaliser son état. Oui, elle était morte. Cependant quelque chose la maintenait en vie. A moins que ce ne soit l'inverse. Elle fouilla ses souvenirs et il en ressortit une évidence. Elle n'avait pas été tuée. Assommée, oui, mais pas tuée. Pourtant elle n'avait pas faim, pas soif, pas sommeil. Et cette... chose, dans sa tête qui tentait de rentrer dans son esprit. Cette trace d'injection aussi. Trop d'éléments qui concordaient pour laisser un réel doute. On lui avait prit la vie, et fait don de la non-mort. Un présent qui achevait de la distinguer des vivants, de son peuple, un présent dont elle se serait bien passée.

Elle sentait qu'elle ne ressentait progressivement plus rien, rien que de la rage, de la haine pour les morts-vivants, et du regret. Regret de ne pas revoir sa sœur de sang et de cœur. Regret de ne plus savoir que faire des souvenirs de ces parents, devenus vides de sens pour elle. Un cercle vicieux dont la lueur ne chercha pas à la protéger. Les brumes vertes anéantissaient ce qui faisait d'elle une vivante, cherchant ainsi à la convertir à la cause de ses "hôtes". Cela, plus que tout le reste, fit basculer Alice. Elle avait fermé les yeux, s'arrêtant de respirer sous le coup de la colère. Une seconde, deux secondes, dix secondes... trente secondes. Une, deux, cinq, dix minutes... Rien. Plus besoin de respirer. Morte, et vivante à la fois, maudite par l'ingéniosité d'un peuple contre-nature.

Alice se leva et se positionna au centre de sa cellule. Elle inspira, par luxe, pour goûter l'air. Elle ne ressentit rien, sinon la mécanique de son corps qui agissait par obligation et non plus par nécessité. La prisonnière expira, sachant ce qui allait arriver. Inspiration de nouveau. Sensation d'infinie absorption, avaler, engloutir de l'air, encore, encore, encore et encore... Elle leva la tête vers le plafond et laissa monter l'air de ses poumons, faisant vibrer ses cordes vocales elle émit le premier vrai son depuis son réveil. Son cri de rage et de haine résonna dans sa cellule et partit se répandre dans le couloir. Mugissement animal, surgit du fond de son être. Cri de renaissance, dans la mort.

Quand l'écho retomba, que le silence se fit, des pas s'approchaient. On venait la voir...


*
**
***
**
*

Les zones d'expérimentations d'Undercity étaient proprement macabres. Des bouts de chair, de cadavres divers, traînaient dans tous les sens. On était venu la chercher dans sa cellule et on l'avait traînée, ou escortée, puisqu'elle devait se déplacer par ses propres moyens, jusque dans ce qui semblait un laboratoire. Elle était passée devant un tas de déchets plus ou moins identifiables, devant des salles d'où montaient des cris de douleur, de peur, des gémissements pathétiques demandant la pitié. Rien ne semblait réellement l'atteindre, sauf la souffrance de ce constat. Elle parcouru les couloirs de la cité au pas, sans chercher à fuir. Elle avait conscience de sa position. Seule au cœur d'un labyrinthe dont elle ne connaissait rien sinon la partie des cellules et cachots ne l'aiderait pas à grand chose, sauf peut-être à retourner dans sa cellule. Bien piètre usage et constat, réaliste cependant.

On l'avait faite s'allonger sur une table, sans lui adresser la parole, et les examens avaient commencés. Vision, ouïe, odorat, goût, touché. Tout ça sans bouger de la table et sans se voir adressé la parole sinon pour recevoir des instructions. Ce fut le premier d'une longue série. Tous les trois ou quatre jours on venait la chercher et on la sortait de sa cellule. Le laboratoire changeait régulièrement. Petit à petit Alice se fit une idée de l'endroit et de sa disposition générale. Un dédale, c'était le mot, un immense dédale dont il fallait l'avoir conçu ou y vivre depuis des semaines pour en connaître quelques détours. N'ayant pas le loisir de faire de l'exploration, elle se contenta de ce qu'on lui montra, bon gré mal gré. Elle subissait les examens dans rien dire, se contentant d'enregistrer tout ce qu'elle pouvait sur ses ennemis, espérant trouver un moyen de fuir.

Un premier élément de réponse lui fut donné par la voix, pendant un de ses séjours dans sa cellule.


On récolte ce qu'on a semé, toujours. La confiance est un principe premier. Il te sauvera. Il LE sauvera.

La suite de la réponse lui apparut dans la journée. Le tigre... Celui qu'elle avait soigné, elle reconnaissait la cicatrice sur le museau. Il l'avait suivie. Capturé en vie, il semblait présenter les mêmes symptômes que lui. Plus de fin, plus de fatigue, plus de soif ou quelque autre besoin, sinon celui de s'échapper de ce lieu. Elle ressentait à son contact la même chose que quand la voix lui parlait. On venait de finir de l'examiner, lui également. La bête était impressionnante, et certes moins docile qu'elle. Il sembla la reconnaître, et commença à gronder quand on voulu l'éloigner de lui. Elle esquiva ses gardiens et s'avança dans le laboratoire, vers le fauve. Les gardes semblaient prêts à intervenir, sortant presque leurs armes, quand un claquement de langue les retint.

Alice posa sa main sur le front du fauve qui grondait toujours. Il se calma instantanément. Elle ressentit plus fort que jamais cet écho, résonance quasi-divine qui les préservaient tout deux des influences du fiel de la non-vie. Leurs corps étaient morts, reflets de ceux de leurs geôliers, leurs esprits étaient libres, car une voix, quelques simples mots, en avaient décidé ainsi. Paradoxe de l'existence, au cœur de leur prison, couverts des chaînes les pires qui puissent exister, ils étaient libres. Ce contact ne dura qu'un instant. Alice caressa ensuite le fauve, comme pour le calmer. En réalité il était déjà on ne peut plus calme. Rassuré même. Celle qu'il avait suivit pendant des semaines était encore elle-même, comme lui. Ce murmure, ce grondement sourd qui l'avait poussé à la suivre, avait raison...


*
**
***
**
*

En scientifiques consciencieux, les Damnés d'Undercity examinèrent l'influence de la jeune femme sur le tigre, et inversement. Alice ne sut rien des résultats, elle n'en voulait d'ailleurs rien savoir. Peu lui importait leurs avis sur la question, elle avait enfin quelqu'un avec qui "converser". Elle découvrait à travers l'esprit de la bête une toute autre façon de considérer le monde, et savait que c'était le cas dans l'autre sens. Un monde différent s'offrait à sa perception, elle en profita pleinement. Saisissant avec une nouvelle dimension ce dont la non-mort la privait, elle n'en fut que plus déterminée à sortir de là, avec le fauve. Ils n'iraient pas l'un sans l'autre, c'était hors de question.

Les semaines passèrent, les tests avec. Alice était avec "son" tigre maintenant, même séparés, leurs esprits continuaient de se sentir, même si de façon plus ténue. Un jour, on l'amena dans le laboratoire, le tigre avec. Cette salle-là était différente : il y avait des sièges "normaux", une sorte de bureau, un fauteuil qui devait être confortable il y a dix ou vingt ans, décharné maintenant. Elle y attendit quelques instants, quand enfin entra son interlocuteur...


Quand elle en ressortit deux ou trois heures plus tard, elle avait une "escorte" de cinq gardes, qui lui firent visiter la zone où elle pouvait se déplacer en "liberté". La zone des laboratoires, et la grande place. Réduit, mais au moins elle pouvait enfin marcher et s'occuper un peu.


Alice avait entreprit, dans la continuité de sa liberté nouvelle, l'exploration minutieuse et systématique de toute la zone qu'elle pouvait visiter. Le tigre l'accompagnait à chaque fois, dans chacune de ses sorties. Ce jour là elle devait retourner aux laboratoires. Quand elle y fut, on la fit s'assoir dans un siège inconfortable, comme souvent les choses le sont dans la zone d'expérimentation. Alors, Elle, entra dans la salle. Le docteur Freyja Howlin, mère des damnés, reine d'un peuple de morts revenus à la vie. Si tant est qu'on puisse appeler cela une vie. Elle se mit debout en face d'elle, son regard bleu brillant semblait lire son esprit, son âme. Alice se sentait mal à l'aise, elle déglutit avec difficulté. Soudain, des chaînes sorties de nulle part lièrent ses bras le long de son corps, la liant elle-même à sa chaise. Le docteur se pencha vers elle et il était clair qu'elle lisait son esprit, sa peur, elle allait découvrir la voix, jamais Alice ne s'en sortirait en vie, jamais elle ne... jamais...

Fin de la troisième partie
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Alice Weaver, Tisserande [terminé] Vide
MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeDim 2 Mai - 16:30

RAAAAAAAAAAAH !

Le cri retentit un instant dans l'étendue déserte et glacée. Alice était assise dans la neige, vêtue seulement d'un pantalon de toile brute et d'une tunique du même matériaux. Une ceinture de cuir qui avait connu des jours meilleurs la ceignait à la taille. Elle se rallongea contre l'immense tigre couché derrière elle. Ce dernier était entièrement blanc, invisible dans la neige fraiche. Car il avait neigé, Alice s'en rendant tout juste compte. Elle secoua ses jambes pour les dégager du manteau blanc. Ses pieds nus étaient aussi pâles que le reste de sa peau. Elle n'avait vu l'utilité de mettre de bottes, étant donné qu'elle chevauchait presque tout le temps et ne craignait pas le froid... Plus maintenant. Cela la renvoya au sujet de son cauchemar. Elle le refaisait chaque fois qu'elle dormait ou presque depuis son évasion. Chaque fois qu'elle s'offrait le luxe de dormir. Comme si elle en avait encore besoin.

Sentant son compagnon bouger sous elle, Alice se mit debout. Son tigre se redressa et vint caler son museau dans son cou. Elle sourit et caressa la tête du félin. Ce dernier ronronna, se frottant de plus belle contre sa maîtresse. Entre les deux était un lien qui se passait de paroles. Depuis leur évasion encore plus. La déesse Freya, antithèse de son homonyme morte, les avait aidés à sortir de là avec la complicité des ses trois compagnons décédés et relevés. Alice se secoua et embrassa le museau du félin. Elle passa sur le côté de la bête et se blottit un instant contre sa fourrure, douce et agréable faute d'être chaude. C'était un autre problème de la non-vie. La chaleur n'existait plus, à moins de la créer ou de prendre celle des vivants. L'univers devenait glacé, et pourtant vous n'en souffriez pas. Paradoxe de la non-mort.

Alice se jucha sur le dos du tigre et lui donna le signal du départ. Aucun mot n'avait été prononcé, la pensée suffisait. Ils reprirent leur route vers Yggdrasil et les ruines de la vieille Sylvan. Alice avait décidé de suivre un nouvel itinéraire. Elle avait, d'après ses estimations, passé deux ans sous terre, environ. Plus trois mois de voyage. On devait la considérer comme morte, au mieux. Elle ne pouvait pas aller à Archeus dans son état, c'était hors de question. Elle avait perdu tout les papiers officiels, le matériel, les présents, l'argent. Il ne lui restait rien. Son armure avait été ruinée dans sa fuite d'Undercity, elle s'était retrouvée à demi-nue avec un fauve de deux mètres, perdue en plein blizzard, juste après avoir abandonné à une mort salvatrice ses trois plus proches amis.

Son évasion... Hivan avait ouvert sa porte en silence, les gonds avaient semble-t-il été huilés peut avant. Il lui avait fait signe de venir. Elle était sortie dans le couloir et ils avaient été libérer le tigre. Les patrouilles au sein de la prison étaient rares. L'entrée était par contre farouchement gardée. Le trio se dirigeait vers ladite sortie et virent Björn. Les deux gardes avaient été neutralisés, leur tête coupée et mise en sac. Le petit groupe finit par retrouver Aloon près de l'entrée. Sur leur chemin, quelques gardes avaient été tués, les autres enflammés. L'alerte avait été donnée, on arrivait pour voir ce qui se passait, on allait venir les arrêter. Les trois avaient pressé Alice de fuir, sans s'occuper d'eux. Cette dernière s'y refusait, puis la voix retentit dans son crâne. Elle l'écouta et se calma. Fermant les yeux elle laissa couler trois larmes de ses yeux. Les prenant sur ses doigts elle les appliqua à ses compagnons de toujours. La minuscule trace humide s'illumina d'une lueur blanche et sembla les toucher au plus profond de leur être. Leurs armes s'enflammèrent et leur corps sembla briller de l'intérieur. Ce qu'ils virent en cet instant, au travers de leur regard ébahit, nul le saura jamais.

Alice s'était éloignée et avait laissé se battre et mourir Björn, Hivan et Aloon. Ils s'étaient consumés d'une lumière intérieure, ils avaient retrouvé leur liberté. Le temps que les morts-vivants passe le barrage qu'ils formaient et réussissent à les abattre, le temps qu'on se rende compte de la disparition d'Alice, cette dernière était déjà loin. Loin vers Sylvan et ses ruines. Loin des siens et du monde juchée sur un des prédateurs les plus redoutés de Frözen. Aussi morte que lui, et pourtant infatigable, plus que jamais décidée à réussir au moins une partie de sa mission.


*
**
***
**
*

Sylvan. Les ruines s'étalaient sur des lieues et des lieues. La cité avait connu la gloire. L'orgueil de ses habitants l'avait plongée dans le malheur et l'oubli. Telle était la punition des dieux pour les mortels présomptueux. Tel fut le châtiment du peuple Elfe. La fin de son immortalité et la destruction partielle de sa cité. Alice entra dans les ruines sans penser à tout cela. Elle voulait simplement des armes. C'est pour ça qu'elle était là. Elle avait la haine de la cité souterraine, presque plus encore que des Elfes, ennemis pourtant ancestraux. Elle avait perdu, par la faute des morts-vivants, son frère, ses deux meilleurs amis, la plupart de ses sentiments et peut-être même son appartenance à son peuple. Elle ne savait plus ressentir que de la haine, de l'amertume, ou de l'indifférence. La mort de ses compagnons l'avait rendu amère, par triste. Son évasion n'avait fait que renforcer sa haine... et sa peur. Sa peur de retomber entre les mains du Docteur Howlin. Elle savait que la fin de son rêve n'était jamais arrivé. Ce qui était avant était un mélange du vrai et de ses peurs.

Seule Erika lui évoquait autre chose. De l'affection, oui. C'était comme une sœur, elle l'aimait énormément. Et puis elle lui avait promis. Trois fois. Trois choses. Elle devait tenir ses serments, elle l'avait promis aussi. C'était peut-être tout ce qui lui permettait d'avancer. Ça et sa haine. Et autre chose encore. Une chose tellement plus... étrange ? Oui. Étrange, C'est le terme. Son lien avec Nyval, puisqu'elle avait ainsi baptisé son tigre, était vraiment hors de tout ce qu'elle avait jamais ressentit. Elle l'aimait, plus qu'elle avait jamais aimé tout autre être. Et elle avaient le sentiment que c'était réciproque. Ce fauve de deux mètres de haut pour presque cinq de long était le seul îlot de réconfort qu'elle aurait certainement jamais. Il était son compagnon depuis son évasion, et elle ne concevait pas de continuer sans lui, pas avec ce lien entre eux. Jamais elle ne s'était attaché à quelqu'un réellement de son vivant, sinon à son frère et Erika. Un peu à Björn et Hivan aussi, surtout Björn en fait. Mais maintenant c'était différent. Plus fort, et différent. Elle avait tenté de le définir, puis s'était souvenue d'une des phrases de Freya, la déesse de la liberté : Définir c'est limiter. Sens les choses, telles qu'elles sont, et tu n'en profitera que mieux. Elle n'avait pas prolonger ses investigations intérieures et avait reprit sa route.


*
**
***
**
*

Alice se fendit et planta sa lance dans le ventre de l'Elfe. Celui-ci cracha du sang et s'effondra. Elle tournoya et cueillit un autre guerrier à la gorge, avec la tranche de son bouclier, lui défonçant la trachée. Deux autres au sol. Encore trois là-bas entre les colonnes abattues et un autre qui faisait le tour. Elle oublia celui qui était isolé et fit marche sur les trois archers. Un cri de surprise mêlée de douleur lui confirma que Nyval couvrait ses arrières. Encore un en moins. Restait les archers. Elle arrêta une première flèche avec son bouclier, une deuxième également, mais ne vit pas venir la troisième. Celle-ci se planta dans son épaule. Alice grogna et arracha la flèche. Pas une seule goutte de sang ne perla, la blessure se refermait déjà. Son regard était rouge, rouge de sang, flamboyant. Elle sourit et dévoila ses crocs par-dessus son bouclier. Tous ses adversaires eurent un mouvement de recul.

Nyval s'était glissé dans leur dos, alors qu'elle détournait leur attention. Il arracha une jambe à l'un d'eux, d'un coup de patte. Son cri fit se retourner ses compagnons. L'un deux fut transpercé par la lance d'Alice littéralement coulé au pilier à côté de lui. Le dernier tenta de fuir. Nyval se fit un plaisir de le traquer et de le blesser, de le mutiler. Il lui arracha un bras, le laissa repartir, lui dévora l'autre bras, puis une jambe. Enfin il le ramena, exsangue et épuisé, entre ses crocs, avec un air satisfait. Alice réduisit l'Elfe au silence en lui coupant la langue. Elle l'abandonna là, agonisant.

Ils était neufs et les avaient suivit pendant deux jours dans les ruines. Huit cadavres un peu dévorés et un agonisant mutilé allaient finir de mourir et de se décomposer dans les ruines de la cité Elfe. Alice avait trouvé le bouclier et la lance quelques jours plus tôt, à une ou deux heures d'intervalle. Le bouclier était rond, entièrement en métal, de grande qualité. Un bel ouvrage à n'en par douter. Elfe, bien sûr. Mais peut lui importait. Elle était ici dans un lieu supposément hanté de fantômes et d'êtres revenus de l'au-delà. Elle ne ferait que rajouter à la légende. Certes elle aurait pu éviter les Elfes, les semer. Cependant elle avait préféré tester ses armes nouvellement acquises sur eux, et elle était plus que satisfaite.

La lance était en fait une vouge, parfaitement équilibrée, au fer poli et brillant, malgré toutes ces années dans la neige et exposé aux intempéries. Son manche était du même métal que la lame. Le bouclier était aussi encore en excellent état, bien que d'un métal différent. Les deux étaient froids comme la glace, comme sortis des glaces, ce qui était vrai en un sens. Cela ne dérangeait pas leur porteuse, insensible à ce genre de désagréments. Alice était satisfaite de ses trouvailles, et savait qu'elle ne trouverait pas armure qui lui convienne ici. Elle voulait cependant se trouver une épée avant d'entamer le route pour Vyrkä. Il lui fallait une lame.

Elle erra quelques jours encore dans les ruines, fouillant tout méticuleusement, aidée de Nyval et de son odorat. Elle n'avait encore rien trouvé qui lui convienne réellement. Seulement des armes trop courtes, tordues, brisées, trop petites, rouillées, rongées par le temps et les éléments. De quoi alimenter un musée des horreurs pour faire peur à un forgeron. Elle en vint à désespérer de trouver son bonheur, quand, prisonnière d la glace, elle trouva une lame qui se distinguait des autres. Rouillée également, elle était cependant encore en très bon état par delà les apparences. Alice entreprit de briser la glace avec un bout de marbre qui traînait plus loin. L'écrin cristallin se fendilla et finit par se briser, libérant l'épée. Alice l'empoigna, sa vouge et son bouclier dans le dos. Elle sentit quelque chose d'étrange à son contact et fut prise comme d'un éclair de génie. Elle lança l'épée vers la plus proche colonne encore debout. La lame se planta dans la pierre avec un son sourd, vibrant encore du choc. La rouille s'en détacha, révélant un métal bleuté, incrustée de gemmes, aux formes étranges. La vibration continua un instant, émettant un son harmonieux, puis finit par se taire, laissant le silence seul témoin de cette apparition. Toutes les parties en cuir, qui devaient à la base couvrir la poignée et permettre une prise sur le côté de la lame, étaient pourries et se désagrégèrent sous les yeux d'Alice. Cette dernière n'en retira pas moins l'arme du pilier. Le fait produisit un son cristallin, puis comme un bruit de verre brisé. La colonne s'effondra. Sur elle-même, en petits bouts de roc.

La lame semblait animée d'une certaine volonté propre puisqu'elle s'adapta instantanément à la main d' Alice. Nyval la considéra d'abord avec méfiance, puis choisi que l'arme lui plaisait. A cet instant une bise glacée souffla sur les ruines de la cité Elfique, un murmure parvint aux oreilles d'Alice, aussi froid que le gel, aussi tranchant que le fil d'un rasoir. C'était un nom, celui de son arme à n'en pas douter. Les quelques nuages furent chassés du ciel qui devint d'un bleu infini, mais froid. Nyval s'ébroua et rugit sourdement, Alice brandissant l'épée à la lumière du soleil de Frözen....


Asura...


*
**
***
**
*


Sur la plaine, les Elfes et les Vikings s'affrontaient de nouveau. Les deux camps se battaient à armes presque égales, avec un léger avantage pour les Elfes. Leiv était à la tête des armées de Vyrkä et faisait un véritable carnage, comme à son habitude. Cette fois-ci cependant, peut-être ne ramènerait-il pas la victoire à Varesh. Alice était sur une éminence, elle observait les combats avec un détachement digne d'un mort qui, dans un dernier instant de conscience, verrait tous ses proches massacrés par son meurtrier. Elle semblait hésiter entre aider son peuple, au risque de se faire rejeter, voire détruire, ou bien passer sa route, et renoncer à rentrer à Vyrkä en ce cas. Dans la seconde configuration, elle ne reverrait pas Erika, ni personne, jamais. Elle le savait. Même pas ses parents, même si ces derniers lui étaient presque indifférents désormais. Elle ferma les yeux un instant et s'offrit le luxe d'une respiration profonde, qui détendit tous ses muscles et l'aida à mieux réfléchir.

Rapidement, le choix s'imposa à elle. Évidence élémentaire et raisonnement justement mené, ou trame de vie qui s'accrochait à un corps mort ? Nul ne sait. Peut importe d'ailleurs. Seul compte le résultat. Alice prit sa vouge et son bouclier, laissant son arme dans son dos. Elle chargea, montée sur Nyval, droit vers la plaine, vers l'état-major des Elfes. Le fauve bondit largement au-dessus des pieux qui servaient de défense à la tente de commandement. Alice bondit pendant que Nyval était encore en l'air. Le tigre commençait son carnage alors qu'elle atterrissait tout juste. Elle paraissait ridicule avec ses armes sorties d'une autre époque, et sa tenue dépenaillée. Son pantalon déchirait lui couvrait à peine les genoux, elle était pieds nus, sa tunique était percée en de nombreux endroits, déchirée ailleurs. Cependant son regard rouge flamboyant, son air de tueuse sortie d'un passé lointain pour punir le présent d'un affront de ses ancêtres, empêchaient de la sous-estimer. Sa vouge faucha le premier garde avant qu'il ait le temps de réagir. Son bouclier para un autre coup et l'arme frappa de nouveau. Elle ne sembla même pas gênée par la flèche qui vint se planter dans son dos et continua sa moisson d'existences. Son tigre dans son dos, couvrant ses arrières et son flanc gauche, elle avançait, lentement mais sûrement, vers la tente de commandement. Le général ennemi sortit voir ce qui se passait. Il se baissa de justesse pour éviter la tête tranchée d'un de ses gardes qui volait vers lui.

Alice rugit et pourfendit le dernier garde. Quelques officiers se précipitèrent pour l'encercler. D'une pensée Alice intima à Nyval de les prendre à leur jeu. Ce dernier bondit derrière eux et en prit la moitié en tenaille entre ses griffes et les armes d'Alice. Le bouclier vola et le général l'esquiva de justesse, tout en tournant les talons vers l'intérieur de la tente. Il ne vit ainsi pas la vouge arriver et l'empaler. Il s'effondra sur le sol dans un râle. Sans perdre de temps, Alice sortit son épée, un sourire malsain aux lèvres...


*
**
***
**
*

[i]Leiv, commandant des armées viking, guerrier de renom, se tenait devant une personne pour le moins étrange. Juchée sur un tas de cadavre, tandis que des ailes de lumière disparaissaient de son dos, se tenait une personne qu'il connaissait, mais qu'il n'aurait jamais pensé revoir un jour. Une épée bleue, superbe ouvrage d'un temps révolu, plantée dans un corps à ses pieds, nus, le cheveu blond clair, presque blanc, les yeux rouges sang, un sourire carnivore aux lèvre, se tenait Alice Weaver. Elle était couverte d'entailles qui cicatrisaient déjà, ses vêtements en lambeaux la laissait à demi-nue. Elle était blanche et rouge. Blanche pour la peau, les cheveux, et rouge pour les yeux et le sang sur elle et sa lame. Un tigre des glaces s'avança derrière elle, grimpant le monticule de corps. Il déposa à ses pieds un bouclier et une lance au fer large et tranchant, une vouge en fait. Elle le remercia d'une caresse entre les oreilles, le regardant comme on regarde ce qu'on a de plus cher au monde.

Leiv tentait encore de comprendre comment ELLE pouvait être ici, quand elle descendit vers lui le tas de corps Elfes. Elle avait rangé ses armes dans son dos, seule sa lame restait dans sa main gauche, tandis que la droite était posée sur le flanc du tigre. Elle lui adressa un sourire bienveillant et le salua du chef. Il ne sut que lui rendre son salut en s'inclinant légèrement, ainsi que tout ceux qui la reconnurent derrière lui le firent, puis les autres avec eux, certains posant un genou à terre en reconnaissant celle qui était censée avoir disparu depuis des mois et des mois. Alice sourit, elle avait retrouvé son peuple, elle allait rentrer chez elle, enfin, après tout ce temps.


Son entrée dans la cité fut remarquée de tous. Elle avait prit la peine de se rouler dans la neige pour se nettoyer du sang, son tigre avait fait de même, et elle nettoya ses armes, comme le firent tous les guerriers. Elle était montée sur ce fauve immense qui semblait attaché à ses pas, vêtue d'un pantalon en haillons et d'une cape de fourrure qu'on lui avait prêtée, plus pour masquer ses formes aux convenances que pour lui tenir chaud. Elle était toujours pieds nus, ses armes dans son dos et son épée posée devant elle, à plat sur le dos du tigre. Elle dégageait quelque chose d'incroyablement fort, puissant. Dans son dos les ailes avaient disparues, cependant dans son regard, elle était libre. Deux ans, six mois et sept jours après son départ, Alice rentra enfin à Vyrkä, dernière représentante d'un groupe de neufs, partis pour une mission diplomatique doublée d'une mission d'exploration, morts, jusqu'au dernier.

Ainsi se termine le passé d'Allya Weaver.

Fin de la quatrième et dernière partie

A suivre... ?


Dernière édition par Alice Weaver le Lun 3 Mai - 16:30, édité 1 fois
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METIER : Vyrkä
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MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeDim 2 Mai - 19:38

Prologue :


Vyrkä, quelques semaines plus tard.

Une silhouette recouverte d'une cape aux tons rouges marche dans les rues de la cité des viking. On dit qu'elle se nomme Tisserande, c'est une tatoueuse paraît-il de grand talent, et elle saurait peindre au moins aussi bien que la mère Weaver, pourtant reconnue dans le milieu. Oh, bien sûr elle paraît un peu étrange et folle, mais elle est fort sympathique et raconte des merveilleuses histoires pendant qu'elle travaille, ou aux veillées dans les villages. Enfin c'est ce qu'on dit...

Là elle va au Hall. Elle serait attendue par Erika Kerrika, fille de Varesh le champion...






Dans la chambre d'Erika Kerrika, se tiennent deux jeunes femmes. L'une a les yeux rouges, le teint pâle, les cheveux blonds-blanc. L'autre est la propriétaire de la chambre. Elle discutent.

Et tu comptes faire quoi maintenant que tu t'es remise ?
Hmm... et bien, j'aurai bien une mission diplomatique à terminer à Archeus, celle pour laquelle on était partis il y a presque trois ans maintenant.
Tu veux rire j'espère ?!
Erika... les choses son différentes, tu le sais très bien.
Je sais oui... mais... Raaaaaaaaaah ! Tu sais très bien que je veux pas perdre ma sœur une autre fois !


Alice sourit et s'approcha d'Erika, qu'elle prit contre elle. Cette dernière frissonna au contact glacé de son amie, mais serra quand même celle qu'elle avait pensée morte dans ses bras. Celle qui était morte d'ailleurs. Mais fidèle à son peuple, et à ses serments. Elle les avait respectés... les trois.

Elle était revenue, en un seul morceau.
Elle avait conté l'intégralité de ses aventures à Varesh, Erika et quelques autres, se replongeant volontairement dans les moments les plus sombres du voyage pour qu'ils sachent tout et jugent de ce qu'elle était en conséquence, même si ce dernier point n'était pas prévu au départ.
Enfin, elle put décrire les merveilles de ce qu'avait été Sylvan par le passé. Elle avait même réussi à faire quelques esquisses hésitantes de mémoire, de certains des plus majestueux édifices parmi les moins abimés.


Fin de l'histoire, début du présent. "Les histoires n'ont de fin que si on ne veut pas en écouter la suite."
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Dr. Freyja Howlin
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JE SUIS : le règne nouveau.
RANG : couronne de Dieppgard.
METIER : dirigeante du peuple mort-vivant.
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MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeLun 3 Mai - 15:54

... Pour t'avoir suivi tout au long de l'écriture de cette histoire, je peux te dire que j'ai pris plaisir à suivre Alice sur et dans les terres gelées de Frözen. Ton personnage nous promet encore bien des surprises, et ça me plait.

Comme nous avons vu les petits réglages ensemble, je ne trouve rien à dire de plus. Je te valide donc sans problème, et félicitation pour cette fiche =)

Bon RP, attention tout de même à ne pas avoir les chevilles qui gonflent trop... (que ce soit toi ou ta Valkyrie-berserk-morte-vivante ;p )
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MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitimeLun 3 Mai - 16:31

Merci =)

Je ferai gaffe pour les chevilles ^^
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MessageSujet: Re: Alice Weaver, Tisserande [terminé]   Alice Weaver, Tisserande [terminé] Icon_minitime

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