Seul, il faut être seul (Ouvert)

**Invité** Invité

S'éloigner, et trouver le silence. Quitter Sylvan et cette ombre qui plane désormais au dessus de la capitale elfique. Fenris marchait entre les arbres vers le Jardin des Murmures Glacés. La vie à Sylvan lui était difficile et cela avait empiré. Si au retour de la saison d'arène il n'y avait que quelques tensions et les obsèques d'Aldaron prenaient toutes les préoccupations. Mais au fur et à mesure que le deuil disparaissait, Hawke lui prenait conscience du destin qui s'offrait à lui. Nul n'avait pensé ce qui était en train d'arriver. Le conseil elfique était enlisé dans une guerre d'influence entre le vieux druide: Almäar Tissebrume et le dernier héritier Wenfall présent à Sylvan. Le problème était pourtant plus épineux qu'il n'en avait l'air. Fenris l'avait ressenti très tôt mais il ne pouvait y croire. Aujourd'hui pourtant il lui arrivait de douter de tout le monde.

Il se posa au pied d'un arbre dont les branches et les feuilles lui offraient une ombre cristalline. La neige tombait doucement, comme très souvent on y portait plus attention. Les flocons étaient aussi fin que les feuilles qui tombaient dans ce jardin féérique. Et au moins ici il était en paix pour réfléchir.

La seule personne qu'il croyait en vouloir à la vie des Wenfall était Ithiliel Dohorë. Mais elle apparaissait aux yeux de Fenris comme une elfe plus sage qu'elle ne l'a laissé paraître par le passé. Gardienne du savoir d'Yggdrasil et de leurs ancêtres son rôle est tout aussi important que celui de Tissebrume aujourd'hui. Elle fut également le mentor du jeune elfe, il l'aimait énormément et ne pouvait concevoir que ses vieilles rancœurs aient pu refaire surface. Pourtant elle aurait très bien pu influencer le départ de Mana. Cette nomination de Mana à l'arène ne lui paraissait pas claire. On y meurt facilement dans l'arène. Mais cela n'aurait pas servit grand monde à part Hawke. Il ne pouvait cependant prévoir la mort de son père en même temps. Et malgré tout les antécédents entre lui et Fenris, ce dernier ne le voyait pas capable de s'en prendre à sa propre famille.
Et les autres ? Des conseillers s'étaient bien vite opposé à Tissebrume tout en proposant à Hawke de prendre la suite de ses parents. Les mobiles étaient nombreux, les suspects encore plus, mais les indices inexistants. Fenris ne comprenait rien à cette histoire. Il était même capable de penser que deux complots existaient. L'un pour évincer Mana, l'autre pour mettre Hawke sur le trône. Mais il ne souhaitait pas imaginer que des elfes puissent en être arrivé à vouloir attenter à la vie d'un des leur. Et Almäar, peut-être souhaitait-il aussi avoir plus de pouvoir. Fenris ne pouvait se décider, il n'avait rien pour l'aider dans cette enquête et plus les semaines passées, plus il était marqué par le clivage entre Wenfall et Tissebrume.

Il ne veut croire ses frères capables du pire, ou même ceux qu'il considère comme des amis. Ithiliel pourrait profiter de la situation mais depuis qu'il est son élève... il n'arrive pas à la croire capable de tout cela. En fait il ne peut se décider et rien n'avance. Le conseil reste coincé dans son clivage, Tissebrume ne décide rien, sauf qu'il attendra... Mais attendre quoi ?

Et Mana... Il n'a plus de nouvelles, juste une boucle qu'il lui avait offert et qu'elle a perdu. Elle a l'autre, il en est sur, il l'espère. Mais les nouvelles sont rares et alarmantes. Si elle a survécu à ses blessures elle aurait changé, et pas que physiquement. Elle s'est ralliée aux humains. Comment est-ce possible ? Les duels l'ont marqué. Il se rappelle de la peur qu'il a ressenti en la regardant combattre. Ses cris de douleur, de peur... sa vie qu'elle à failli perdre trop souvent cette semaine maudite. Et la folie qui l'a poussé à tuer son propre père... Pourquoi ?

Il faut qu'il la retrouve... pour Sylvan et pour lui. Cette peur qui révèle tout ce qu'il espérait garder en lui. Et l'absence qui remet tout en cause.

Un bruit de feuille qu'on bouge. Il n'est plus seul. La question est: ami ou ennemi. Elfe ou bête... il pourra discuter. Viking ou mort-vivant... ce sera plus compliqué. Les humains on ne sait jamais avec eux. Encore que ils sont en paix avec tous... enfin normalement. Il prend son arc dans sa main gauche et reste à l'affut. Il attend. Il est armé d'une dizaine de flèches et son épée est à la ceinture. Mais il n'a aucune armure, des vêtements et du cuir, sans plus.

**Danna Ewracht**

Les derniers vikings qui sont passés par ici sont morts. Leurs cadavres sont en train de rotir sur un joyeux feu, à l'abri des regards indiscrets. L'équipement est récupéré, ainsi que les provisions. On a juste eu à tirer, aujourd'hui. Ca a été très simple.

Quand je pense que l'on a établi notre campement dans la voûte de cristal, au nez du conseil... Je suis encore en train de me marrer. Durant les premières semaines, il avait envoyé des patrouilles pour nous rechercher, et, tant mieux pour nous, elles ne nous ont pas trouvés. A croire qu'ils ne sachent pas suivre une piste.

Je bande mon arc, prend mes flèches, attache mon épée à mon côté et part à la chasse. Ce n'était pas notre meilleur prise, il va donc falloir se procurer un peu plus de nourriture. Il devrait y avoir un troupeau pas loin, ce sera déjà ça. On ne peut survivre que de pillage.

La forêt est éclairée, mais je pense que je vais devoir m'aventurer plus loin que d'habitude. Les bruits des vikings en train d'agoniser avaient dû faire fuir les animaux, ne me facilitant guère la tâche. Mais bon, on savoure plus ce que l'on a du mal à ramener. Normalement.

Je dois être sortie de la voûte, car j'ai l'impression que le décor à changer. C'est sûrement le jardin des murmures glacés, et je vais devoir me faire petit. Je suis encore recherché, et je ne doute pas que ma tête soit affichée dans un ou plusieurs des avants-postes qui se tiennent près d'ici. Ca ne va pas être facile... Tant pis, je rentre au campement, je reviendrai une autre fois. Il ne faut pas que je me fasse capturer, ce serait assez idiot.

Je commence à partir, mais entre temps j'entends quelqu'un marcher. Puis, plus de bruit. M'a t'on repéré ? Probable. Si c'est le cas, il va falloir que je tue cette personne, à moins qu'elle ne me reconnaisse pas. Ce qui est très peu probable si c'est un soldat, surtout un nouveau.

Je m'avance doucement vers l'ancienne source de bruit, et d'instinct, je bouge une branche. Grosse erreur. Bien que je voie l'elfe, qui dit en passant n'est pas un soldat, lui aussi m'avait repéré. Il me dit vaguement quelque chose d'ailleurs...

Bon, je n'ai plus que ça à faire. Je déguaine mon épée, et sort des ombres. Il est seul, moi aussi mais bon. J'ai eu une formation de soldat et des années de pratique. Lui aussi peut être. Il a une épée sur son côté, et un arc aussi. Par contre, il n'a pas d'armure. J'en ai une, mais légère, pour ne pas réduire ma mobilité. Et il faudrait que je pense à la changer, elle commence à se faire vieille.

Je le reconnais maintenant. C'est Fenris, un membre du conseil très jeune. Je ne pensais pas le voir ici. En a t'il assez de Sylvan ? Je ne pense pas. Il l'aime plus que tout. Je n'ai pas le souvenir qu'il se soit prononcé en ma faveur lors de mon procès. A vrai dire, je m'en foutais un peu. Mais je ne l'aime pas quand même, et le pire, c'est que je ne peux le tuer, sinon, je serais de nouveau pourchassé. Je range donc mon épée, et attends, j'attends qu'il lance la conversation ou qu'il parte, qu'importe. Je ne le tuerais pas, même si je le déteste.

**Invité** Invité

Fenris sentait cet inconnu se rapprocher et ses sens l'alertaient. Une ombre, derrière les branches feuillues malgré le gel constant de cette terre, passa dans son champ de vision. Puis une illumination furtive lui prouva qu'il avait raison, car cette lueur était significative. C'était une lame qui approchait. L'ombre devint silhouette avant de trahir son identité. Fenris connaissait cet elfe qui avançait, les armes sorties. Sans lui laisser le temps de sortir complètement des fourrés, le conseiller de Sylvan prit une flèche dans son carquois et banda son arc, la pointe acérée croisant le regard de Danaliet Syrien.
Fenris venait de reconnaître le renégat. Il avait attenté à la vie du vieux Tissebrume lors d'un procès. Du coup il s'était senti obligé de voter sa condamnation à mort. Mais Fenris n'avait jamais aimé donner ce genre verdict. Son peuple avait bien changé pour tomber aussi bas. De son enseignement auprès d' Yggdrasil et Ithiliël il avait compris que leur sagesse ancestrale leur avait fait défaut lors de leur guerre contre les Vikings et que cela leur avait coûté l'immortalité. On lui reprochait aussi d'être trop bercé dans le passé de son peuple. Quoi qu'il en soit, Fenris réfléchissait très rapidement sur l'attitude à adopter. L'avait-il reconnu ? On savait à Sylvan qu'il continuait d'attaquer les Vikings sans autorisation.
Les yeux se jaugent en une seconde puis Danaliet range ses épées. Fenris ne se sent plus en danger. Il respecte trop ses frères pour les imaginer tenter quoi que ce soit contre lui, quoi que... Ces derniers temps à Sylvan il n'est pas des plus respecté. On a bien laissé Mana participer à l'arène... Mais non il ne veut pas imaginer que ce genre de chose est possible. Il ne peut y avoir de complot qui mènerait à des assassinats politiques.

Finalement il baisse son arc et relâche la corde. Il lui fait un signe de tête et range sa flèche à sa place. Mais Danaliet Syrien n'engage pas la conversation, alors Fenris décide de le faire. D'une voix calme mais toujours avec son agaçante manie de tutoyer tout le monde, encore un héritage d'Ithiliël qui se croyait au même niveau social que les elfes les plus reconnus, même la famille royale.

«Suis-je donc si peu discret pour t'attirer si loin de ton campement ? A moins que nos services de renseignement soient très peu doués, mais j'en doute. En tout cas tu as de la chance que personne n'ose s'en prendre à d'autres elfes en ce moment. Tu as bien fait de ne pas continuer ton geste lors de ce fameux procès. Tissebrume n'osera pas s'en prendre à toi et tes hommes. Alors que le seul qui voudrait déclarer la guerre aux Vikings n'hésiterait pas à décider de ta mort. Les choses sont étranges non ? »

Danaliet devait certainement se demander pourquoi un membre du conseil lui racontait tout cela. La réponse était simple. Il était passablement agacé, et son amour de Sylvan n'avait rien à voir avec le pouvoir elfique. Ces derniers mois d'ailleurs, son mentor se montrait à nouveau de plus en plus critique avec les autres membres du conseil. Apparemment cela avait déteint sur le jeune elfe, plus influent qu'il ne le laissait paraître.

« Alors, comment se passe ta vie de renégat ? Sylvan ne vous manque pas trop ? »

Il se rassit, en confiance. Il savait que le meilleur moyen de ne pas réveiller un fauve et de lui montrer qu'on ne lui veut pas de mal.

**Danna Ewracht**

[Vraiment désolé de l'attente, je ne savais que répondre.]

Lui aussi range son arc. Au moins, je ne suis plus en danger. Bien que je ne pense pas l'avoir été un moment, vu que j'ai rangé mon arme et qu'il ne va pas attaquer quelqu'un désarmé. Je ne pense pas que ce soit dans son tempérament. Je peux aussi me tromper, et dans ce cas-là, je serais soit mort, soit dans une geôle de Sylvan. Pas de quoi sauter de joie à vrai dire.

Ca y est, il lance la conversation. Il croit que c'est lui qui m'a attiré hors de mon campement. Si loin, qu'il a dit. Ses services de renseignements sont vraiment nuls. Mon campement est à deux pas de Sylvan. Je ne pensais pas qu'ils penseraient que je sois loin. En tout cas, ça m'arrange.

Personne ne veut s'en prendre à moi maintenant. Sylvan serait sujet à des luttes pour le pouvoir ? Ca ne m'étonnerai pas. la dernière fois, Hawke revendiquait vivement le trône. Fenris ajoute qu'il me tuerait sans hésiter. Je m'en fous, je n'ai pas prévu de retourner dans ma ville natale.

Tu sais, ce n'est pas toi qui m'attire hors de mon campement. Et oui, vos services de renseignements sont vraiment peu doués. Même pas fichus de nous retrouver. Un manque d'enthousiasme peut être. Au fait, j'aurais continuer mon geste, si quelqu'un ne m'avait pas assomer. Ne t'en rappelle tu pas ? Je ne sais même pas qui c'est. Je conçois aussi que les choses sont bizarres. Mais elles ont toujours été bizarres, ne le nies pas. Pourquoi ta princesse aurait été envoyée dans l'arène sinon ? D'ailleurs, j'ai entendu dire qu'elle était à Archeus. Et vivante, bien vivante, pas un de ces cadavres conscients qui vivent terrés sous notre sol, à préparé je ne sais quoi. Dommage que je ne puisses y avoir d'espions, mais je n'ai rencontré aucun de ces morts-vivants...

Et oui, ma vie se passe très bien. On a un bon équipement, et quelques nouvelles recrues. Au fait, juste pour dire, je vais me rendre à Archeus bientôt. Peut être rencontrerai-je ta princesse... Je me demande à quel point elle a changé. Etre jeté aux fauves, ça reste en mémoire, forcément.

Et voilà. Je lui ai révélé une partie de mes plans. Il faut que je le mette en confiance, pour ne pas qu'il m'attaque. Je me dirige au bout de la trouée, et m'assis sur une pierre. D'ici, je pourrais partir rapidement si jamais il m'attaque. Au cas où, je pose discrètement ma main sur la paume de mon épée. On ne sait jamais. Je ne le connais pas assez, il faut que je reste vigilant.

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